Présentez-nous ce spectacle…
Ce spectacle en quinze mouvements est porté par la troupe LéZarts de Profil, constituée de douze jeunes chanteurs âgés de 18 à 34 ans. Certains sont professionnels, d’autres se destinent à cette profession, d’autres encore sont amateurs très éclairés. Ils sont accompagnés par trois danseuses de 18 à 24 ans, de deux comédiens professionnels et de cinq musiciens professionnels (dont je fais partie).
L’équipe se complète d’un régisseur technique créateur de lumières et d’un régisseur son, et bien sûr d’une association dont les membres sont de véritables soutiens fidèles. Cette entreprise n’aurait jamais pu voir le jour sans toutes ces énergies. Quant au livret, il est signé Xavier Arlot, et la chorégraphie est de Christelle Bouyoud. Pour ma part, j’ai composé toute la musique et écrit certaines paroles.
Nous avons travaillé à raison d’un week-end par mois pendant plus de deux ans… Autant dire que nous sommes impatients de nous produire ! La première aura lieu au festival de Labeaume en Musiques, dont le directeur artistique, Philippe Forget, nous a fait confiance depuis le début.
Quelle en fut sa genèse ?
L’idée première était de proposer à de jeunes chanteurs de la région de Lyon âgés de 18 ans et plus, ayant déjà l’expérience de participer à des maîtrises, d’opéra ou autres, de les réunir autour d’un travail scénique sur une œuvre aux contours artistiques complets : chant, théâtre et mouvement. Très vite, des jeunes sont arrivés, rejoints par de jeunes professionnels. Et des municipalités nous ont accueillis : Rillieux-la-Pape et Villefontaine. J’ai proposé, en tant que compositeur, de créer une œuvre sur mesure : Caravansérail. Inspiré par les participants, j’ai écrit spécialement pour tel ou tel chanteur, et dessiné peu à peu une intrigue, puis demandé l’écriture d’un livret et d’une chorégraphie. Au final, je me retrouve avec l’habit de directeur artistique.
J’ai assisté à la naissance d’une troupe atypique et chaleureuse – les jeunes venant de Lyon, mais aussi de Grenoble, de Neuchâtel, de Dijon, de Clermont-Ferrand, d’Annecy…
Selon vous, quels sont les atouts d’une comédie musicale ?
La comédie musicale Caravansérail nous a permis d’aborder les thèmes du mouvement des vies, de la migration, des rencontres et de la force que le collectif constitue, mais aussi du réel qui côtoie l’irréel. Nous essayons d’entrecroiser tous les éléments constitutifs d’une comédie musicale afin de questionner l’imaginaire du spectateur, titiller son émotion.
Bien sûr, une pièce de théâtre aurait pu aborder ces thèmes, mais la musique aurait été au second plan, un peu comme un complément au lieu de jouer un rôle aussi primordial. Un opéra aurait pu être le vecteur, mais il aurait fallu alors, à mes yeux, développer un aspect dramatique. Seule finalement la forme de comédie musicale s’adaptait le mieux à cette histoire légère, par les chants solos ou en chœur, les danses mélangées, et le style musical varié de cette création.
À titre personnel, que représente pour vous la comédie musicale et comment est-elle entrée dans votre vie ?
J’ai toujours été attiré par mettre en musique des histoires. Parfois comme simple prétexte à des mouvements, comme dans Baltracan, pour vibraphone et orgue, parfois convoquant des bruitages et des murmures sur une musique jouée en direct, ce qui fut le cas dans Riossum, pour vibraphone et bande-son, créé à l’occasion du festival international de musique contemporaine de Zagreb. Mais aussi cette alliance permet de raconter différentes facettes d’une histoire, comme dans Éclats de l’eau, avec le Chœur La Cigale de Lyon. Ce n’étaient, pour moi, que des œuvres embryonnaires en matière de comédie musicale.
Parallèlement à cette démarche de composition, en 2011, puis en 2019, j’ai eu la chance d’être choisi comme directeur musical pour la réalisation du Grand Feu du 14-Juillet de Paris, sur la tour Effeil. En 2011, le thème imposé par la Ville de Paris était « Les grandes comédies musicales ». À la demande de Lacroix Ruggieri qui signait le spectacle pyrotechnique, je réalisais la bande-son sur laquelle il allait peindre le ciel. Je me suis plongé avec délice dans cet univers, découvrant un grand nombres d’œuvres, parcourant les époques, les styles, les pays, échangeant régulièrement avec Jean-Luc Choplin, alors directeur du Théâtre du Châtelet et superviseur du projet, pour au final proposer un scénario musical concis de trente minutes très variées… J’ai adoré ce thème et sa variété.
Cette période de réalisation artistique m’a grandement nourri et a laissé en moi une envie de création pour un jour prochain. J’ai alors testé en 2017 une première démarche de mélange texte/musique/chorégraphie lors d’une commande de la Maîtrise de Saint-Marc – Les Choristes, dirigée par Nicolas Porte, et conçu une création de cinquante minutes : Couleurs d’oiseaux. Et, fin 2018, sortaient les premières notes de Caravansérail.
Quels sont vos projets ?
Mes projets sont multiples, mais avant tout, je caresse l’espoir de voir Caravansérail sur de nouvelles scènes la prochaine saison. Parallèlement nous avons, dans le cadre de la troupe LéZarts de Profil, des demandes nouvelles mélangeant les moyens d’expressions, ainsi que les origines et les âges des participants. Un nouveau défi ! Enfin prochainement, nous aurons le plaisir d’assister à la première de la pièce de théâtre Orphée à l’Inferno de Xavier Arlot, pour laquelle j’ai composé toute la musique. La comédie musicale, et plus largement le spectacle musical, n’a pas fini de me faire avancer.