Serge Folie, compositeur, présente Caravansérail, une comédie musicale prometteuse

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Caravansérail, c'est l'histoire d'un écrivain qui se retrouve en mal d’inspiration. Il décide de parcourir des milliers de kilomètres pour rejoindre sa nièce Sanianne qui gère un hébergement pour le moins insolite du nom de Caravansérail. Pour connaître la suite, il faudra aller au festival de Labeaume en Musiques où cette œuvre sera créée le vendredi 18 juin à 20 heures. Serge Folie, son directeur artistique, nous la présente.

Présen­tez-nous ce spectacle…
Ce spec­ta­cle en quinze mou­ve­ments est porté par la troupe LéZarts de Pro­fil, con­sti­tuée de douze jeunes chanteurs âgés de 18 à 34 ans. Cer­tains sont pro­fes­sion­nels, d’autres se des­ti­nent à cette pro­fes­sion, d’autres encore sont ama­teurs très éclairés. Ils sont accom­pa­g­nés par trois danseuses de 18 à 24 ans, de deux comé­di­ens pro­fes­sion­nels et de cinq musi­ciens pro­fes­sion­nels (dont je fais partie).
L’équipe se com­plète d’un régis­seur tech­nique créa­teur de lumières et d’un régis­seur son, et bien sûr d’une asso­ci­a­tion dont les mem­bres sont de véri­ta­bles sou­tiens fidèles. Cette entre­prise n’au­rait jamais pu voir le jour sans toutes ces éner­gies. Quant au livret, il est signé Xavier Arlot, et la choré­gra­phie est de Chris­telle Bouy­oud. Pour ma part, j’ai com­posé toute la musique et écrit cer­taines paroles.
Nous avons tra­vail­lé à rai­son d’un week-end par mois pen­dant plus de deux ans… Autant dire que nous sommes impa­tients de nous pro­duire ! La pre­mière aura lieu au fes­ti­val de Labeaume en Musiques, dont le directeur artis­tique, Philippe For­get, nous a fait con­fi­ance depuis le début.

Quelle en fut sa genèse ?
L’idée pre­mière était de pro­pos­er à de jeunes chanteurs de la région de Lyon âgés de 18 ans et plus, ayant déjà l’expérience de par­ticiper à des maîtris­es, d’opéra ou autres, de les réu­nir autour d’un tra­vail scénique sur une œuvre aux con­tours artis­tiques com­plets : chant, théâtre et mou­ve­ment. Très vite, des jeunes sont arrivés, rejoints par de jeunes pro­fes­sion­nels. Et des munic­i­pal­ités nous ont accueil­lis : Ril­lieux-la-Pape et Ville­fontaine. J’ai pro­posé, en tant que com­pos­i­teur, de créer une œuvre sur mesure : Car­a­van­sérail. Inspiré par les par­tic­i­pants, j’ai écrit spé­ciale­ment pour tel ou tel chanteur, et dess­iné peu à peu une intrigue, puis demandé l’écriture d’un livret et d’une choré­gra­phie. Au final, je me retrou­ve avec l’habit de directeur artistique.
J’ai assisté à la nais­sance d’une troupe atyp­ique et chaleureuse – les jeunes venant de Lyon, mais aus­si de Greno­ble, de Neuchâ­tel, de Dijon, de Cler­mont-Fer­rand, d’Annecy…

Selon vous, quels sont les atouts d’une comédie musicale ?
La comédie musi­cale Car­a­van­sérail nous a per­mis d’aborder les thèmes du mou­ve­ment des vies, de la migra­tion, des ren­con­tres et de la force que le col­lec­tif con­stitue, mais aus­si du réel qui côtoie l’irréel. Nous essayons d’en­tre­crois­er tous les élé­ments con­sti­tu­tifs d’une comédie musi­cale afin de ques­tion­ner l’imag­i­naire du spec­ta­teur, tit­iller son émotion.
Bien sûr, une pièce de théâtre aurait pu abor­der ces thèmes, mais la musique aurait été au sec­ond plan, un peu comme un com­plé­ment au lieu de jouer un rôle aus­si pri­mor­dial. Un opéra aurait pu être le vecteur, mais il aurait fal­lu alors, à mes yeux, dévelop­per un aspect dra­ma­tique. Seule finale­ment la forme de comédie musi­cale s’adap­tait le mieux à cette his­toire légère, par les chants solos ou en chœur, les dans­es mélangées, et le style musi­cal var­ié de cette création.

À titre per­son­nel, que représente pour vous la comédie musi­cale et com­ment est-elle entrée dans votre vie ?
J’ai tou­jours été attiré par met­tre en musique des his­toires. Par­fois comme sim­ple pré­texte à des mou­ve­ments, comme dans Bal­tra­can, pour vibra­phone et orgue, par­fois con­vo­quant des bruitages et des mur­mures sur une musique jouée en direct, ce qui fut le cas dans Rios­sum, pour vibra­phone et bande-son, créé à l’occasion du fes­ti­val inter­na­tion­al de musique con­tem­po­raine de Zagreb. Mais aus­si cette alliance per­met de racon­ter dif­férentes facettes d’une his­toire, comme dans Éclats de l’eau, avec le Chœur La Cigale de Lyon. Ce n’é­taient, pour moi, que des œuvres embry­on­naires en matière de comédie musicale.

Par­al­lèle­ment à cette démarche de com­po­si­tion, en 2011, puis en 2019, j’ai eu la chance d’être choisi comme directeur musi­cal pour la réal­i­sa­tion du Grand Feu du 14-Juil­let de Paris, sur la tour Effeil. En 2011, le thème imposé par la Ville de Paris était « Les grandes comédies musi­cales ». À la demande de Lacroix Rug­gieri qui sig­nait le spec­ta­cle pyrotech­nique, je réal­i­sais la bande-son sur laque­lle il allait pein­dre le ciel. Je me suis plongé avec délice dans cet univers, décou­vrant un grand nom­bres d’œuvres, par­courant les épo­ques, les styles, les pays, échangeant régulière­ment avec Jean-Luc Choplin, alors directeur du Théâtre du Châtelet et super­viseur du pro­jet, pour au final pro­pos­er un scé­nario musi­cal con­cis de trente min­utes très var­iées… J’ai adoré ce thème et sa variété.
Cette péri­ode de réal­i­sa­tion artis­tique m’a grande­ment nour­ri et a lais­sé en moi une envie de créa­tion pour un jour prochain. J’ai alors testé en 2017 une pre­mière démarche de mélange texte/musique/chorégraphie lors d’une com­mande de la Maîtrise de Saint-Marc – Les Cho­ristes, dirigée par Nico­las Porte, et conçu une créa­tion de cinquante min­utes : Couleurs d’oiseaux. Et, fin 2018, sor­taient les pre­mières notes de Car­a­van­sérail.

Quels sont vos projets ?
Mes pro­jets sont mul­ti­ples, mais avant tout, je caresse l’espoir de voir Car­a­van­sérail sur de nou­velles scènes la prochaine sai­son. Par­al­lèle­ment nous avons, dans le cadre de la troupe LéZarts de Pro­fil, des deman­des nou­velles mélangeant les moyens d’expressions, ain­si que les orig­ines et les âges des par­tic­i­pants. Un nou­veau défi ! Enfin prochaine­ment, nous aurons le plaisir d’assister à la pre­mière de la pièce de théâtre Orphée à l’In­fer­no de Xavier Arlot, pour laque­lle j’ai com­posé toute la musique. La comédie musi­cale, et plus large­ment le spec­ta­cle musi­cal, n’a pas fini de me faire avancer.

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