Showgirl

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Théâtre de la Bastille - 76 rue de la Roquette, 75011 Paris.
Du 26 février au 9 mars 2024, du mardi au vendredi à 20h30, à 18h les samedis.
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Show­girls, c’est d’abord un film réal­isé par Paul Ver­ho­even en 1995 dans lequel Nomi Mal­one, une jeune femme ambitieuse, rêve de devenir meneuse de revue à Las Vegas, et y parvient après de mul­ti­ples déboires, humil­i­a­tions et trahisons. Mar­lène Sal­dana et Jonathan Drillet, tan­dem inclass­able, s’emparent de ce scé­nario et de l’his­toire de sa comé­di­enne prin­ci­pale, Elis­a­beth Berkley, qui a vu sa car­rière s’ar­rêter net à la sor­tie du film.

Dans Show­girl (au sin­guli­er cette fois), au cœur d’un vol­can-mamel­on kitsch à souhait – rap­pelant autant le décor du film que celui de Oh les beaux jours ! de Beck­ett – Mar­lène Sal­dana joue tous les per­son­nages du film, sur une musique tech­no orig­i­nale de Rebe­ka War­rior. Un spec­ta­cle explosif à l’esthé­tique queer, drôle et trag­ique, sur les excès liés au pou­voir, à l’am­bi­tion et au sexe dans l’u­nivers impi­toy­able et vio­lent du show-busi­ness, et sur les rav­ages de ce milieu pour toutes celles et ceux qui rêvent de gloire, de lumière et de paillettes…

Notre avis : « Le bon goût est l’ennemi de la créa­tiv­ité », éructe Tony Moss en pleine audi­tion pour son club de striptease où fusent humil­i­a­tions sex­istes et vul­gar­ité XXL. Ain­si démarre le stupé­fi­ant Show­girl sans « s », dans lequel Mar­lène Sal­dana inter­prète Nomi Mal­one, jeune fille prête à tout pour faire une car­rière de danseuse à Las Vegas. Avec cette libre adap­ta­tion du sul­fureux film de Paul Ver­ho­even devenu depuis emblème de la con­tre-cul­ture, Mar­lène Sal­dana et Jonathan Drillet plon­gent en apnée dans l’univers sor­dide et trash des bas-fonds d’un Vegas cor­rompu par le pou­voir et le sexe.

Décor kitsch et choc (phal­lus en strass et vol­can mamel­on), lumières rougeoy­antes et ambiance sur­voltée par une bande-son élec­tro-tech­no, on nav­igue entre per­for­mance, drag, théâtre chan­té, danse par­lée. Mar­lène Sal­dana racon­te, dénonce, campe avec brio tous les pro­tag­o­nistes du film et, rede­v­enue elle-même, nous offre quelques déli­cieux échanges taran­ti­nesques avec « Mur­ray », son com­plice juché sur talons drag’ pail­letées. Mar­lène Sal­dana pul­vérise les lim­ites, explose les dik­tats dans une absolue lib­erté par­fois décon­cer­tante mais totale­ment jubilatoire.

C’est sou­vent drôle, on rit, on grince aus­si parce que le sale côtoie le pire et la laideur, lais­sant finale­ment émerg­er un pro­pos bien plus fin qu’il n’y paraît, engagé et mil­i­tant bien avant l’ère #metoo.
« La vie c’est chi­ant », répète en boucle Nomi/Marlène tan­dis qu’elle court, danse, escalade, chute, se relève, chante, entre et sort de transe. C’est là toute l’extravagance et la sin­gu­lar­ité de ce Show­girl, ce (presque) seule en scène explosif, cor­rosif et jusqu’au-boutiste.

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