D’après le film de la Metro-Goldwyn-Mayer, avec l’accord spécial de Warner Bros. Theatre Ventures, Inc.
Musique publiée par EMI.
Produit avec l’accord de Maurice Rosenfield, Lois F. Rosenfield
et Cindy Pritzker, Inc.
En accord avec Drama — Paris pour le compte de Music Theatre International (MTI) — New York.
Nouvelle production.
Chorégraphie originale du film : Gene Kelly.
Chorégraphie originale du film : Stanley Donen.
Scénario : Betty Comden.
Scénario : Adolph Green.
Chansons : Herb Nacio Brown.
Chansons : Arthur Freed.
Mise en scène : Robert Carsen.
Costumes : Anthony Powell.
Décors : Tim Hatley.
Orchestre : Orchestre de chambre de Paris.
Résumé : L’histoire se déroule à Hollywood, à la fin de l’ère du cinéma muet. D’origine modeste, Don Lockwood ancien danseur, musicien et cascadeur est devenu une star du cinéma muet. A son grand dam, Lina Lamont, son insipide et antipathique partenaire, est persuadée qu’ils forment un couple à la ville comme à l’écran. Alors que Le Chanteur de Jazz, le tout premier film parlant, connaît un succès fulgurant, le directeur du studio R.F Simpson n’a d’autre choix que de convertir le nouveau film du duo Lockwood / Lamont. L’équipe de production est confrontée à de nombreuses difficultés, notamment l’insupportable voix de crécelle de Lina Lamont. Le meilleur ami de Don Lockwood, Cosmo Brown, a l’idée d’engager Kathy Selden pour doubler la voix de Lina et de transformer The Dueling Cavalier en comédie musicale intitulée The Dancing Cavalier. Entretemps, Don tombe amoureux de Kathy. Linda découvre leur idylle naissante et, furieuse, exige qu’à l’avenir Kathy continue de jouer les doublures et demeure pour toujours dans l’anonymat. Cette idée révolte Simpson, mais il n’a d’autre choix que d’accepter, tout comme Kathy, liée au studio par contrat. La première de The Dancing Cavalier est un triomphe. Le public conquis réclame une chanson de Lina. Don et Cosmo décident d’improviser : ils proposent à Lina de chanter en playback pendant que Kathy, dissimulée derrière le rideau, créé l’illusion en chantant en simultané dans un second micro. Lina commence à « chanter », Don, Cosmo et Simpson remontent le rideau derrière elle…
Notre avis [Mise à jour 28/11/2017] :
Deux ans après son succès, Singin’ In The Rain revient donc à Paris, dans un Châtelet « hors les murs », à savoir, sous la verrière du Grand Palais. Une réalisation initiée avant son départ par Jean-Luc Choplin, alors directeur général du Châtelet. Au musical formidable, s’ajoute ainsi cette année une infrastructure impressionnante qui a vu la création et l’installation d’une immense salle de spectacle dans la nef du célèbre monument parisien. Plateau, gradins, fosse d’orchestre, machinerie, cintres, loges et coulisses ont pris place pour accueillir le public jusqu’au 11 janvier 2018. Mais l’évènement ne s’arrête pas là. A l’occasion de cette reprise, une demi-douzaine d’activités est proposée aux visiteurs, tout autour de cette salle éphémère : initiation aux claquettes, studio photo, animation karaoké « spéciale comédies musicales », espace vidéo… dans une scénographie rappelant l’ambiance d’un studio de cinéma.
Côté spectacle, la distribution de 2015 est de retour, enthousiaste et brillante. Dan Burton, Daniel Crossley et Emma Kate Nelson maîtrisent évidemment leur rôle à la perfection. Ils sont rejoints cet automne par Monique Young dans le rôle de Kathy Selden qu’elle campe avec une parfaite justesse. Rien d’étonnant de la part de celle dont Regard en Coulisse écrivait l’an dernier, à propos de sa prestation dans 42d Street : « Véritable triple threat, Monique Young, joue, chante et danse à merveille. Cette inconnue deviendra peut-être une star, du moins, elle en a tous les atouts.» Tout est dit. (Geoffroy de Dieuleveult)
Notre avis (critique parue lors des représentations de mars 2015) : Pour conclure sa série de musicals adaptés de classiques du cinéma, le Théâtre du Châtelet et son directeur, Jean-Luc Choplin, proposent, après Les Parapluies de Cherbourg et Un Américain à Paris, le légendaire Singin’ In The Rain. Il est inutile (du moins, on l’espère) de présenter le film original de Stanley Donen et Gene Kelly, réalisé en 1952 et devenu rapidement « le » symbole de la comédie musicale, tout en s’inscrivant naturellement dans les différents classements des « meilleurs films de tous les temps » (n° 10 sur la prestigieuse liste du American Film Institute, par exemple). En d’autres mots : Singin’ In The Rain est un film culte et incontournable.
Les différentes adaptations scéniques de Singin’ In The Rain retranscrivent avec plus ou moins de bonheur la magie du film, mais celui-ci utilise avec tellement de finesse le langage cinématographique (montage, flashbacks, séquences courtes…) que les transpositions peinent parfois à trouver leur propre identité face à un tel objet. Cette nouvelle production, mise en scène et en lumière par Robert Carsen, a certainement trouvé son style. Célèbre metteur en scène d’opéra, Carsen a fait quelques incursions dans l’univers de la comédie musicale, et précisément au Châtelet avec My Fair Lady dont on avait retenu, entre autres, le parti pris visuel d’une élégance épurée. C’est cette signature que l’on retrouve sur ce Singin’, avec une idée forte : celle d’ancrer la production dans le noir et blanc. En effet, si le film est présent dans tous les esprits avec son pétillant Technicolor des années 50, Carsen a choisi de rendre hommage à l’époque dans laquelle s’inscrit l’action (la fin des années vingt) en déclinant toute une palette de gris. Les décors de Tim Hatley et les costumes d’Anthony Powell contribuent également à cette esthétique chic et glamour à la Sunset Boulevard.
Le visuel n’est pas morne pour autant : les lumières réchauffent les atmosphères et les numéros musicaux s’illuminent portés par un trio de choix. Dan Burton (Don Lockwood), Daniel Crossley (Cosmo Brown) et Clare Halse (Kathy Selden), venus du West End, défendent avec charme et peps leurs personnages, aussi à l’aise en chant qu’en claquettes. A leurs côtés, Emma Kate Nelson, dans le rôle de Lina Lamont, ne dépareille pas et parvient même à rendre attachante son personnage de peroxydée écervelée. Enfin, Jennie Dale, dans le rôle de la coach de diction, en ravira plus d’un.
Les numéros chantés et dansés sont de vrais moments de bonheur. Les chorégraphies de Stephen Mear (co-chorégraphe de Mary Poppins) respectent les codes du genre sans chercher à imiter l’original et la séquence de ballet du film (« Broadway Melody ») devient ici un parfait eleven o’ clock number, scintillant et flamboyant.
Enfin, n’oublions pas la partition, servie ici avec brio par l’Orchestre de chambre de Paris, dirigé par Gareth Valentine, grand nom du West End. Il est impossible de ne pas succomber à la musique, enveloppante et réconfortante, et de fondre dès les premières notes de l’ouverture, qui évoqueront aux cinéphiles comme aux amoureux de la comédie musicale tant de souvenirs émus. Car si Singin’ In The Rain est une déclaration d’amour au cinéma et à la comédie musicale, il a aussi permis à de nombreuses générations de tomber amoureux de ces deux genres. Et au vu du jeune public enthousiaste présent en nombre à la première, ce n’est pas près de s’arrêter.