Mais qu’est-ce qu’elle en a de choses à raconter ! Et qu’est-ce que l’on est content de les découvrir ! Certes, le poids du livre, au sens propre, double la lecture d’un exercice de musculation non négligeable : plus de mille pages ont été nécessaires à Miss Streisand pour revenir en détail sur ses innombrables souvenirs.
Le style parlé adopté par l’auteure colle parfaitement à cette autobiographie et ne décontenancera pas le fan. En effet, c’est le même qu’elle adopte lorsqu’en concert, elle régale l’assistance d’anecdotes entre deux chansons. Alerte, s’autorisant des digressions chronologiques, se remettant parfois en cause (« Qu’est-ce que je devais être agaçante ! »), ce long témoignage est comme une suite de confidences qu’une amie vous ferait. Autant dire que la lecture en est rendue agréable et que les pages défilent sans que l’on s’en rende compte.
De son enfance et la mort prématurée de son père comme traumatisme qui irriguera toute sa vie jusqu’à aujourd’hui, Barbra Streisand passe au crible son parcours, en pimentant toujours son récit par un humour irrésistible. Le lecteur comprend, chapitre après chapitre, son obstination à être la meilleure, les aspirations qui se dessinent au fil des expériences à vouloir réaliser des films. Son ascension est relatée avec soin jusqu’à ses premiers pas à Broadway. Elle ne fait pas l’impasse sur ses amours (elle aurait presque pu devenir la belle-mère de Justin Trudeau ; elle dresse par ailleurs un portrait peu flatteur de Sydney Chaplin, son partenaire à Broadway dans Funny Girl), ni sur ses combats, et se dévoile tout en conservant ce voile de pudeur qui fait sa force.
Se plonger dans ce livre, c’est l’assurance de revivre aux côtés de la star les moments clefs de sa carrière, vus ici par un autre prisme que celui que la presse a bien voulu utiliser, et c’est avoir la confirmation, si besoin était, que cette femme qui croyait en ses rêves et a tout fait pour qu’ils se réalisent a marqué son époque et servi de modèle a bien des artistes.