Steeve Brudey, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai étudié à Brest l’art dramatique puis le chant lyrique. C’était un peu par hasard, je ne me destinais pas du tout à être comédien ou chanteur. Au départ, je pensais être journaliste, puis prof de philosophie, mais ça m’a amené ailleurs, au travers des rencontres. Dès la fin de ma première année de conservatoire à Brest, j’ai eu une proposition de jouer un petit rôle dans une pièce puis le reste est allé assez vite.
Parmi les spectacles musicaux dans lesquels vous avez joués, il y a notamment Le Roi Lion.
Le Roi Lion a été un moment charnière. J’avais beau avoir eu une formation de chant, je n’avais encore jamais chanté dans un spectacle. J’ai envoyé ma candidature sans vraiment savoir ce que c’était, je ne m’y connaissais pas beaucoup en comédie musicale à l’époque, et je me souviens que les auditions ont duré très longtemps. C’est là que j’ai fait ma première expérience de chanteur, ça a duré trois ans.
Quel souvenir en gardez-vous ?
Ça a été marquant. Toute la troupe a été marquée. Le spectacle a été créé en 2007, et aujourd’hui encore, on est très proche pour beaucoup d’entre nous. J’y ai rencontré des artistes formidables. J’en garde aussi un souvenir artistiquement fort, car le spectacle est très beau. Enfin, ça été une école terrible car j’ai dû apprendre tous les rôles puisque j’ai été doublure Mufasa, Scar, Pumba plus l’ensemble !
Quel a été votre premier contact avec le Festival de Saint Céré ?
A la fin du Roi Lion, il y a eu des auditions pour une production de Lost In The Stars à Saint-Céré. Je savais que je ne pouvais pas faire toutes les dates car je devais jouer dans Encore un tour de pédalos d’Alain Marcel. Ils ont accepté que je passe l’audition. Je suis pris sauf qu’Eric Perez, metteur en scène, avait oublié mes indisponibilités. Je ne fais donc pas le spectacle, il se passe quelques années durant lesquelles on garde le contact. Une année, je jouais dans La Périchole d’Offenbach, avec Jean-Michel Fournereau à l’Opéra de Rennes. Il s’avère que l’Opéra Eclaté [la compagnie de théâtre basée à Saint-Céré] faisait également une Périchole et j’ai été rappelé un beau jour pour faire un remplacement au pied levé. C’est comme ça que j’ai renoué avec cette compagnie avec ensuite L’Opéra de Quat’sous, puis La Traviata qui a été mon premier spectacle joué au Festival de Saint-Céré, les autres ayant été en tournée.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce festival ?
Sa diversité, celle de sa programmation, mais aussi des artistes qui y participent. On retrouve des artistes dans différents spectacles, un soir dans un opéra classique, un autre dans un récital de chansons. On y rencontre des artistes venant de partout, de France et d’Europe, et cet aspect est très fort. C’est aussi la découverte d’une région, le festival est implanté non pas qu’à Saint-Céré mais dans tout le département et incite à voyager. Enfin, la particularité cette année, c’est que je joue dans La Vie Parisienne mais j’ai aussi mis la main à la pâte dans le travail d’autres artistes, notamment sur le spectacle Un Soir à Broadway, et je trouve ça très intéressant.
Parlez nous de cette Vie Parisienne, abordée sous un angle très pop.
Cette œuvre a été créée en 1866. L’idée des deux metteurs en scène, Olivier Desbordes et Benjamin Moreau, était de faire un parallèle entre 1866 et 1966. En 1866, la France est en progrès économique, et en 1966, on est dans une période similaire de croissance. C’est l’époque de la télévision, de l’ORTF… Et ça marche incroyablement bien avec le livret, avec le travestissement, es personnages qui prennent l’identité des autres. Cette transposition sur le tournage d’une émission télé de l’époque fait mouche et souligne le comique du livret.
Parlez-nous de votre personnage ?
Je joue Bobinet, qui forme un duo avec Gardefeu, interprété par Hoël Troadec. Ce duo adore séduire. On ne sait pas s’ils sont entretenus ou s’ils entretiennent certaines femmes, en tout cas ils sont très séducteurs : c’est leur métier ! Mis dans le contexte d’un tournage, ils pourraient être deux présentateurs… Ils amènent la farce et révèlent les personnages autour. Ils échafaudent des plans complètement dingues mais ce sont les autres qui se plient en quatre pour eux.
Quelles sont les challenges de ce spectacle ?
Le challenge est d’avoir à tout faire, car on est dans les ensembles, on est solistes, on est comédiens, on est chanteurs, on est un peu techniciens car nous bougeons toute la scénographie à vue. On est sur le qui-vive tout le temps. C’est assez impressionnant mais c’est aussi la richesse de jouer dans ce spectacle : on ne voit pas passer le temps !
Et qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre personnage ?
Olivier Desbordes souhaitait que Bobinet et Gardefeu ne soient pas dans la farce. Il voulait du beau jeu, à la Guitry. On sent que l’acteur a une petite distance. C’est un défi à chaque fois parce qu’on est au milieu d’une farce, mais qu’il faut rester dans un autre jeu, plutôt classe. C’est agréable car l’humour ne vient pas du même endroit.
Quels sont vos projets pour la prochaine saison ?
Je continue à tourner avec La Vie Parisienne et La Traviata avec Opéra Eclaté. Je retourne également jouer au Luxembourg dans une pièce de Sébastien Thierry, Comme s’il en pleuvait. Je suis également metteur en scène avec ma propre compagnie à Brest. Enfin, je jouerai le rôle-titre dans Don Giovanni en Guadeloupe.
Notre critique de La Vie parisienne