Tapage(s) Nocturne(s) (Critique)

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L’action démarre à la tombée de la nuit et le spectateur plonge entre rêve et cauchemar. Les domestiques prennent alors le devant de la scène. Ils épient les maîtres, les singent et se rient d’eux. Les situations se télescopent et les pièces se mélangent. Dans ce monde de faux-semblants, la théâtralité est le maître-mot et ces courtes pièces sont des bijoux de drôleries à la mécanique impeccable et implacable. Au programme de cette revue, des quiproquos, des malentendus, des situations ubuesques, des chansonnettes, le tout au service d’une écriture vive, alerte et inventive !

« Dire des choses graves avec légèreté et dire des choses légères avec gravité, correspond bien à notre état d’esprit d’hier, d’aujourd’hui et nous l’espérons de demain. Comme un clin d’œil à la jeunesse de la compagnie, nous allons retoucher notre premier spectacle Revue Ménage créé il y a 20 ans. »
L’Équipe Rozet

Notre avis :

Avec Feydeau, Labiche et Courteline au programme, on peut s'attendre à ce que Tapage(s) Nocturne(s) soit drôle. Avec l’Équipe Rozet aux commandes, on se sent en confiance. La troupe met en avant le regard critique que portent des domestiques sur leur condition et sur leurs maîtres. Les travers des différents personnages sont mis en lumière, entre faux-semblants, adultères et divers coups bas.
Les décors parviennent sur un espace réduit à nous plonger dans des lieux cossus. Trois portes tiennent une place centrale au sens propre comme au figuré. Elles claquent finalement relativement peu pour du vaudeville. Elles sont en revanche bien exploitées pour animer les échanges entre les comédiens-chanteurs. Les objets utilisés par les domestiques, du plumeau au balai à franges, deviennent quant à eux des accessoires précieux pour des pas de danse.
L’Équipe Rozet s'attache au format du vaudeville intégrant des chansons. Le répertoire retenu pour Tapage(s) Nocturne(s) est excellent. Des succès de Mistinguett sont repris (« Je cherche un millionnaire »), parfois en étant détournés de leur sens originel (« Mon homme » revisité en « Ma bonne »). Les textes trouvent parfaitement leur place dans la pièce, comme « Par le trou de la serrure » de Maurice Yvain. On prend un réel plaisir à redécouvrir ces chansons dans ce nouveau contexte. Le clou du spectacle est toutefois constitué par une parodie déjantée de Zizi Jeanmaire !

Grâce à l'Équipe Rozet, on a une occasion rare de vouloir que des Tapage(s) Nocturne(s) se prolongent !