Les Sea Girls – Dérapage

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La Scala Paris – 13, boulevard de Strasbourg, 75010 Paris.
Du 17 janvier au 23 février 2025.
Renseignements et réservations sur le site de La Scala Paris.

Les Sea Girls et Pierre Guil­lois font sauter le vernis !

Déra­page, c’est une tra­ver­sée toni­tru­ante, de la musique à fond avec trois musi­ciens où scène et couliss­es se dévoilent en chan­son, sans pudeur, où tout bas­cule dans un éblouis­sant feu d’artifices. Les Sea Girls revendiquent un music-hall hybride, fan­tasque, grinçant et libre. Avec Pierre Guil­lois aux com­man­des, il va y avoir du sport, du rythme et de la joie, des morceaux de bravoure, des pail­lettes et un réfrigérateur.

Notre avis : Pas facile, la vie de tournée ! À peine les valis­es posées qu’il faut repar­tir, surtout qu’à leur âge, la scène et les voy­ages met­tent rude­ment le corps à l’épreuve. Alors, après toutes ces années, for­cé­ment se pose la ques­tion d’ar­rêter ou de con­tin­uer. Et, après toutes ces années de vie com­mune, la troupe est dev­enue une famille, gage de sol­i­dar­ité mais aus­si lieu de bis­billes répétées. Et, pour couron­ner le tout, le pub­lic est décidé­ment mou ce soir !

C’est dans cette ambiance pour le moins fébrile que nos trois artistes doivent assur­er leur représen­ta­tion, mul­ti­pli­ant, en pas­sant au tra­vers d’un étince­lant rideau, les va-et-vient entre une scène imag­inée et une loge bien vis­i­ble– à moins que ce ne soit le con­traire ?! Ces allers-retours don­nent autant d’oc­ca­sions de revêtir des per­ruques de plus en plus loufo­ques, des masques de plus en plus chargés et des cos­tumes de plus en plus extrav­a­gants, mais aus­si de se livr­er à des con­fi­dences, de se chamailler, de se met­tre à nu, de se ques­tion­ner ou de s’af­firmer… sur un irré­sistible ton éminem­ment libre, décalé, absurde, par­o­dique, qui porte la mar­que de Pierre Guil­lois – même si on est loin du niveau du livret pass­able­ment givré du Gros, la Vache et le Mainate – mais aus­si celle des Sea Girls elles-mêmes, habituées de ce genre d’hu­mour dans lequel elles excel­lent depuis tant d’an­nées (La Revue, Chan­sons bur­lesques, Les Sea Girls fêtent la fin du monde).

La mise en scène, enlevée, dynamise et flu­id­i­fie ce qui pour­rait n’être qu’une suc­ces­sion de tableaux dans un cabaret. Le soin apporté aux lumières fait égale­ment la dif­férence grâce à des change­ments d’am­biance et des mis­es en valeur bienvenus.

D’abord relégués en fond de scène, puis de plus en plus présents, trois musi­ciens sen­sa­tion­nels (Dani Bouil­lard, Vin­cent Mar­tin et Ben­jamin Pras) font bien plus que jouer du piano, de la gui­tare et des per­cus­sions : ils don­nent de leur per­son­ne… dans un accou­trement dont nous ne révélerons rien !

Judith Rémy, Prunel­la Riv­ière et Del­phine Simon s’en don­nent à cœur joie pour incar­n­er ce trio de saltim­ban­ques qui pour­rait être celui des Sea Girls, tan­tôt godich­es ou vul­nérables, tan­tôt déjan­tées et con­quérantes, tour à tour pim­bêch­es ou sincères. Dia­logues et chan­sons s’en­chaî­nent avec aisance, ces dernières tail­lées sur mesure pour ce genre de for­mat, avec des mélodies sim­ples et entê­tantes et des textes per­cu­tants, une très agréable var­iété de styles et une écri­t­ure à plusieurs voix maîtrisée.

S’il est vrai que ni l’idée de départ – le jeu de miroir et de con­fu­sion entre scène et couliss­es, les rela­tions entre artistes col­lègues… – ni cette forme de music-hall ne sont tout à fait nou­velles, il se dégage une con­struc­tion assez fine dans le déroulé du spec­ta­cle, avec des tran­si­tions suff­isam­ment bien amenées et des moments qui font écho à d’autres. Et, surtout, le tem­péra­ment, la pétu­lance des Sea Girls, qui por­tent haut plumes et pail­lettes, et leur tal­ent à faire vol­er en éclat le « qua­trième mur » empor­tent tout sur leur pas­sage grâce à un humour et une fan­taisie qui cueil­lent immé­di­ate­ment un pub­lic qui en redemande.

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