Aime-moi est le récit en mots, en musique et en chansons d’un road trip mystique et poétique, de la côte Est à l’océan Pacifique. Fabien Ducommun qui fut le « Soldat Rose » de Louis Chedid, à Paris et en tournée, revient sur scène accompagné du guitariste Jean-François Prigent et reprend les chansons mythiques des crooners des années cinquante.
Suite à un revers de fortune, Fabien est embarqué presque malgré lui dans une traversée solitaire des États-Unis, au volant d’une vieille Chevrolet qu’il nomme Princesse. Ce trajet, vécu comme un mauvais concours de circonstances, prend peu à peu la tournure d’un voyage initiatique. À mesure que les kilomètres défilent, les souvenirs marquants qui ont jalonné sa vie refont surface. Aux commandes de sa monture d’acier, au hasard de rencontres qui rejouent en miroir les scènes fondatrices de sa vie, il n’a d’autre choix que de se confronter aux fantômes de son passé.
Notre avis : Il est à New York, il est comédien, il doit très prochainement décrocher un rôle important, mais son agent, qui l’appelle depuis Paris, lui annonce la mauvaise nouvelle : pas pris. Rien ne l’attend en France, il trouve l’occasion d’une virée dans une voiture pas comme les autres. Livré à sa solitude et à ses infortunes, il vit, au rythme épuisant d’heures de conduite, des expériences nouvelles tout en évoquant son passé. Sur fond de paysages d’autoroutes et de lieux insolites ressurgissent les échecs, les traumatismes, les complexes mais aussi les premiers émois et les décisions importantes.
L’assemblage des pièces de ce texte puzzle, entre souvenirs et présent, entre intimité et banalité, trouve sa force dans la sensibilité qui s’en dégage. Une guitare électrique, qui nappe le récit, nous plonge avec bonheur dans l’atmosphère de cette traversée américaine, tout comme les chansons, piochées chez Sinatra et Elvis, qui ponctuent la narration.
Au rythme serein et apaisant de la guitare de Jean-François Prigent répond la voix claire, mi-crooner mi-angélique de Fabien Ducommun, également auteur du texte. Malgré ses soubresauts, cette épopée qui vient adoucir les affres du passé se vit dans un apaisement qui évite tout pathos. L’indéniable émotivité du personnage comme de son interprète, accentuée par la proximité à la scène qu’offre la petite salle de La Scala, fait de ce spectacle une rencontre touchante et d’une irrésistible sincérité.