Texte : Delphine Gustau.
Mise en scène : Delphine Grandsart & Delphine Gustau.
Musique & accordéon : Matthieu Michard.
Lumières : Jacques Rouveyrollis.
Avec : Delphine Grandsart.
Résumé : Le destin de la reine du Moulin Rouge.
Dans ce spectacle qui mêle humour, musique, sensualité et émotion, Louise Weber dite La Goulue, star du Moulin Rouge et égérie de Toulouse Lautrec ouvre le livre de sa vie. Les pages qui défilent à l’envers nous font pénétrer dans son intimité, dans les coulisses de ce destin hors norme et empreint de liberté.
Notre avis (Critique parue lors des représentations à l’Essaïon, juin 2017) : La Goulue, ce nom à lui seul évoque l’univers débridé des cabarets montmartrois de la fin du XIXème siècle. Son portrait immortalisé par Toulouse-Lautrec est aussi célèbre que ceux d’Aristide Bruant ou d’Yvette Guilbert et pourtant, qui aujourd’hui connaît réellement cette artiste, qui peut dire quelle fut sa vie ?
Avec ce spectacle, la compagnie Les Petites Vertus nous plonge dans l’histoire de Louise Weber dite la Goulue, une femme au caractère fort et au parcours hors du commun. Elle connut une gloire exceptionnelle et une déchéance totale. Dans une vie parsemée d’infortunes, de succès et de drames, on découvre une femme audacieuse, drôle et combattante, prête à tout pour réussir, mais aussi, et surtout, prête à tout perdre pour garder sa liberté.
Le texte de Delphine Gustau prend le parti original de la narration à rebours. Au lieu de découvrir le personnage en se demandant ce qui va arriver, on est tout au long du spectacle à se demander comment elle en est arrivée là. Cela rend le récit très dynamique et le personnage encore plus attachant. Tout est raconté au présent, les scènes sont longues, retracent de véritables tranches de vie entre 6 et 60 ans et les ellipses entre les différentes étapes peuvent couvrir des décennies entières. Étonnamment, cette construction donne une vue très complète du parcours de la Goulue, les ellipses ne sont pas des trous, mais des respirations entre les différentes étapes importantes et la longueur des scènes permet de rentrer dans l’intimité du personnage. L’écriture très fine de Delphine Gustau aborde un côté très personnel, très quotidien et vivant, sans jamais tomber dans l’anecdotique.
L’interprétation de Delphine Grandsart est remarquable. Elle se fond dans le personnage avec naturel et arrive à être crédible quel que soit l’âge qu’elle interprète. Sa gouaille ne semble jamais forcée, elle arrive à se teinter de fatigue dans la vieillesse, de force et d’assurance à l’âge adulte et d’innocence dans la jeunesse sans que cela ne paraisse factice. Que le propos soit drôle ou tragique, parlé ou chanté Delphine Grandsart est toujours très émouvante.
L’accompagnement à l’accordéon par Matthieu Michard est superbe d’élégance et prolonge littéralement le récit pendant les ellipses temporelles. Les chansons qu’il a composées spécialement pour le spectacle semblent réellement sorties du répertoire du Moulin Rouge de la fin du XIXème siècle.