Londres 1888. Des crimes odieux perpétrés sur des prostituées du quartier de Whitechapel défraient la chronique. L’inspecteur Abberline et son adjoint Morty voient se succéder de nombreux suspects sans jamais offrir une certitude sur l’identité de ce monstre sanguinaire.
Quand un Américain s’installe dans le quartier et tombe amoureux d’une « malheureuse », comme on les appelle, idylle et suspicion ne font pas bon ménage.
Venez revivre cette enquête au travers de ce spectacle musical, mêlant faits réels et histoire d’amour passionnée.
Qui est vraiment Jack l’éventreur, le meurtrier le plus célèbre de tous les temps ? Qui sait, peut-être saurez-vous désigner le coupable.
Notre avis : Impossible de compter le nombre de romans et de films que le mystère autour de cet assassin terrible a inspirés. Ce riche sujet permet de sonder les tréfonds de l’âme humaine, faire une analyse politique acerbe, par exemple. Premier musical français à s’intéresser à ce meurtrier, le résultat, fruit d’un travail concerté et bien pensé, mérite d’être découvert au Théâtre Trévise. Trois musiciens interprètent une partition de Michel Frantz qui donne une belle aura de mystère lugubre. Le livret met en présence de nombreux personnages : les futures victimes, le tueur masqué, un Américain étrange et, bien entendu, l’enquêteur flanqué de son subordonné.
Il faut, à ce stade, attirer l’attention sur la scénographie. La trace sanguinolente présente sur l’affiche rappelle les atrocités commises par le meurtrier. L’un des défis consiste à les traduire. Grand-guignol ? Pas ici. Plutôt un très joli travail de projection qui offre à chacune des victimes un temps pour mourir, face au public, en interprétant une ultime chanson. L’effet saisit, c’est réussi. Il en va de même des costumes inventifs, taillés dans des tissus imprimés aux gros titres de la presse, presse qui tint un rôle important puisque relais idéal de ces affaires criminelles. Tout cela participe de la réussite du spectacle, servi par des comédiens aguerris. Peut-être, au vu de la qualité de l’ensemble, pourrait-on se passer du jeu un rien hystérique de Julie Costanza en Morty (la comédienne semble disposer de nombreuses cordes à son arc, inutile de faire vibrer celle-ci). La fin du spectacle, qui tend à donner l’identité du coupable, peut aussi prêter le flanc à la critique. En effet, la dimension symbolique de cette affaire, qui fut peut-être perpétrée par plus d’un criminel, l’emporte largement sur l’anecdotique. Mais que ces réserves ne vous empêchent pas d’aller visiter cette vision personnelle et originale des bas fonds de Whitechapel et saluer, comme il le mérite, le travail de toute la troupe.