Nous avons eu le plaisir de vous voir en Betty Bird dans Demain matin, Montréal m’attend. Que retenez-vous de ce rôle ?
Cela a été un beau cadeau. C’est toujours un grand plaisir de revisiter les classiques de Michel Tremblay et je suis très heureuse que René-Richard Cyr ait pensé à moi. Au départ, il me trouvait trop jeune pour ce rôle mais j’ai su le convaincre ! Même si ma présence sur scène était minime, j’ai adoré jouer Betty Bird, cette femme qui a souffert de la trahison de sa meilleure amie ainsi que la perte de son “homme”. J’aime jouer ces personnages riches et profonds. Quand j’ai la chance de jouer et de chanter, c’est un très grand bonheur pour moi.
On vous retrouve sur scène dans Belles-Soeurs, mais dans un nouveau rôle ?
Il faut dire que reprendre Belles-Soeurs, c’est déjà un cadeau en soi. J’ai tellement de plaisir à faire partie de ce spectacle que je pourrais le jouer toute ma vie ! J’ai eu un immense plaisir à jouer Des Neiges, mais lorsqu’on m’a proposé de reprendre le rôle de Germaine Lauzon, que j’avais déjà interprété au pied levé à Paris, je n’ai pas pu refuser. Peu importe le personnage que je jouerai dans cette pièce, j’aurai toujours du plaisir à le faire. Ceci dit, jouer Germaine, c’est un peu un fantasme… Il y a quelque chose de mythique dans ce personnage qui fait partie de notre dramaturgie.
Reprendre un tel rôle peut inciter le public à comparer… Est-ce que cela vous fait peur ?
Je devrais peut-être (rires), mais non ! Je joue toujours tous mes personnages avec le coeur. Que j’aie une ligne à défendre ou un livret complet, j’aime mes personnages. Ils sont incroyables. Par ailleurs, je me compare rarement aux autres. Je préfère me surprendre moi-même car c’est là que réside mon plaisir d’actrice. Il est possible que le public fasse une comparaison mais ça ne m’atteint pas nécessairement. À mon avis, nous avons tous nos forces, nos faiblesses et nos couleurs et c’est ce qui est beau au théâtre, l’effet d’humilité. Je joue maintenant ce personnage, mais il y en a eu 20 ou 50 avant moi et il y en aura 20 ou 50 après moi. Je dois être en paix avec moi-même car je me donne toujours à 200 % pour chacun de mes personnages.
Que ressentez-vous lorsque vous voyez Jade Bruneau interpréter Des Neiges ?
Cela me touche. C’est une très bonne amie à moi et je me sens comme une maman vis-à-vis d’elle (rires). Lors des répétitions, je me disais “Ah je ne pourrais plus chanter “Mon vendeur de brosse” et j’ai eu un genre de vertige. Mais ce n’était pas parce que quelqu’un allait me remplacer, c’était surtout parce que Jade est formidable. J’aime la regarder jouer, avec tendresse et amour.
Comment se sont passées les retrouvailles avec la troupe de Belles-Soeurs et avec le public ?
C’était comme si nous ne nous étions jamais quittés ! Nous sommes très heureuses de nous retrouver et de coller nos timbres (rire). Partager cette expérience avec elles c’est formidable. Et aussi se souvenir à quel point les spectateurs aiment ces belles-soeurs. Peu importe si l’on joue devant un nouveau public ou un public averti, qu’il soit vieux ou jeune, il y a quelque chose qui rassemble les gens dans ce spectacle.
Des changements sont-ils intervenus depuis la création ?
Effectivement, nous sommes passés de quinze personnages à seulement douze. René-Richard a dû faire une nouvelle adaptation. J’avais au départ un peu peur de ce changement mais tout fonctionne très bien. Par ailleurs, les spectateurs ont droit à une nouvelle chanson alors qu’une ancienne a disparu. Enfin, le personnage de Linda (la fille de Germaine) a été intégré au personnage de Lise (amie de Linda).
Peut-on espérer retrouver Belles-Soeurs à Paris ?
C’est évident que nous avons tous envie de jouer à Paris (rires). Durant les cinq semaines de représentations à Paris, l’accueil était très émouvant. Un véritable délire dans la salle du Théâtre du Rond-Point, chaque soir. Mais transporter une production à l’étranger est assez cher. Même si tout le monde le souhaite, il faut trouver les fonds nécessaires. Personnellement, je trouve que Belles-Soeurs est un ambassadeur, une belle carte de visite, pour montrer aux gens ce qui se fait ici au Québec, dans le domaine du théâtre musical.
Vous allez faire partie de la distribution de Chansons pour filles et garçons perdus. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les spectacles de Loui Maufette sont toujours un évènement. Loui est un ami que j’aime beaucoup et ses spectacles sont excessifs et généreux. Ce sera encore une fois de la poésie, comme ce fut le cas pour Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, ou Dans les charbons. Ce rassemblement comprendra essentiellement de la poésie, de la chanson québécoise, toutes époques confondues. Actuellement, chacun fait ses propres recherches personnelles et nous nous rencontrerons pour mettre les choses au point. Pour le moment, on ne sait pas encore à quoi s’attendre, mais je peux vous assurer que ce ne sera pas une soirée ennuyeuse.
Outre ces deux spectacles, vous revenez sur la scène avec Les 4 saisons d’André Gagnon ?
Oui ! Ce spectacle-hommage à notre grand compositeur repart en tournée dès le 8 décembre. C’est une rétrospective conçue avec beaucoup de tendresse, d’amour et d’humilité. Un mélange de pièces instrumentales, bien sûr, mais également des chansons que j’interprète, notamment l’opéra Nelligan que j’adore.