Eins zwei drei (Critique)

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Lorsqu’un musée ultra-mod­erne se referme comme un piège sur trois vis­i­teurs épinglés dans leurs con­flits d’humains trop humains… Avec Eins Zwei Drei, le met­teur en scène suisse Mar­tin Zim­mer­mann entend pren­dre au col­let les thèmes de l’autorité, de l’abus de pou­voir, de la soumis­sion et de la lib­erté. Com­ment les rela­tions les plus banales dérapent en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire vers des som­mets de fureur et de folie ? Entre danse, théâtre et cirque, accom­pa­g­né live par le pianiste Col­in Val­lon, un jeu cru­el comme un huis-clos qui éclabousse sur les cimais­es trop blanches.

Notre avis : Eins, zwei, drei n’est pas une injonc­tion à suiv­re la mesure, mais plutôt un moyen d’en­vis­ager ce spec­ta­cle comme une illus­tra­tion de ce chiffre. Trois per­son­nages, trois couleurs et trois airs musi­caux prin­ci­paux… Le tout dans une intrigue autour d’un musée, de son directeur, sorte de clown blanc volon­tiers inquié­tant, de son sub­or­don­né aux oreilles sur­di­men­sion­nées, clown noir à la gestuelle éton­nante et enfin un dia­blotin rouge et dénudé sor­ti tout droit de terre… La mise en scène de Mar­tin Zim­mer­man stim­ule l’imag­i­na­tion du spec­ta­teur en pro­posant des tableaux sou­vent éton­nants, à l’in­star de l’ou­ver­ture : la scène étant recou­verte de deux immenses tis­sus noirs qui dévoileront le directeur du musée qui se per­dra en mots de bien­v­enue dans divers­es langues, mais aus­si le pianiste qui officiera durant tout le spec­ta­cle, délais­sant par­fois cet instru­ment pour une bat­terie. S’en­suit une sorte de jeu de mas­sacre où l’art est épinglé, mais aus­si les rap­ports de pou­voir qui s’in­versent. La scéno­gra­phie ingénieuse joue sur divers­es notions de murs évo­lu­tifs, de piano tour­nant, le tout pour offrir un mael­strom d’é­mo­tions qui passent de moments doux et voluptueux à une folie très orchestrée. Une évo­ca­tion musi­cale à « My way » et au réper­toire de Piaf intrigue l’au­di­toire, soit fasciné soit agacé par ces propo­si­tions visuelles rad­i­cales. Le spec­ta­cle a pour lui de mélanger les gen­res, de bous­culer divers codes. Une expéri­ence éton­nante, à découvrir.

Pour en savoir plus et pour réserv­er vos places, voici le lien vers le spec­ta­cle : http://www.104.fr/fiche-evenement/martin-zimmermann-eins-zwei-drei.html