Musique et Lyrics : Frank Loesser
Livret : Jo Swerling, Abe Burrow
Mise en scène et chorégraphie : Stephen Mear
Décors et costumes : Peter McKintosh
Casting : Stephen Crockett CDG pour David Grindrod Associates
Orchestre et Chœur du Théâtre Marigny
Lumières : Tim Mitchell
Direction musicale : James McKeon
Chef d’orchestre assistant : Bastien Stil
Avec Ria Jones, Clare Halse, Matthew Goodgame, Christopher Howell, Barry James, Rachel Izen, Joel Montague, Matthew Whennell-Clark, Jack North, Brendan Cull, Ross McLaren, Gavin Wilkinson, Ian Gareth Jones, Thomas-Lee Kidd, Jo Morris, Alexandra Waite-Roberts, Emily Goodenough, Delycia Belgrave, Bobbie Little, Joanna Goodwin, Robbie Mc Millan, Adam Denma, Louis Mackrodt
Une fable musicale sur Broadway
D’après la nouvelle et les personnages de Damon Runyon « The Idyll of Miss Sarah Brown » et « Blood Pressure »
Résumé : Créé à Broadway en 1950, Guys and Dolls fut un grand succès critique et populaire avec 1 200 représentations et cinq Tony Awards en 1951.
Guys and Dolls a été adapté au cinéma en 1955 par le réalisateur Joseph L. Mankiewicz avec au casting Marlon Brando, Frank Sinatra, Jean Simmons et Vivian Blaine. Le film est sorti en France en 1957 sous le titre : Blanches colombes et vilains messieurs.
L’histoire est bâtie sur la confrontation de deux univers : celui des truands new-yorkais et les âmes pures des jeunes missionnaires de Save-a-Soul (l’équivalent de l’Armée du Salut). L’intrigue se noue à partir de cet archétype sur un pari stupide : Nathan Detroit (patron de tripot) met Sky Masterson (parieur invétéré) au défi de séduire l’une des jeunes filles de l’orchestre de la mission – la belle Sarah Brown – et de l’emmener dîner à La Havane. Pari ingagnable ou imperdable en théorie… mais les mauvais « Guys » ont du cœur et les « Dolls » ne sont pas aussi effarouchées que cela. L’amour finit par réunir les contraires.
Notre avis :
Parmi les grands musicals de l’âge d’or de Broadway, Guys and Dolls (1950), de Frank Loesser, fait figure de classique. Après Kiss Me, Kate et 42d Street, présentés au Théâtre du Châtelet par M. Choplin, ce Guys and Dolls au Théâtre Marigny s’inscrit naturellement dans la lignée de ces spectacles délicieusement old-fashion, célébrant une Amérique idéale et fantasmée où les truands au grand cœur côtoient des amoureuses au caractère bien trempé. Adapté de plusieurs nouvelles de Damon Runyon, Guys and Dolls nous plonge au cœur du vibrant New York des années 20–30 où joueurs et parieurs au verbe haut croisent le chemin d’une mission de l’Armée du Salut. Parmi eux, Nathan Detroit qui, au bout de 14 ans avec sa dulcinée, Adelaide, tarde toujours à lui demander sa main, et Sky Masterson, playboy au bagou et au charisme certains, qui relève le défi de séduire la pieuse Sarah Brown, sergent dans ladite Mission.
Le livret est délicatement suranné, avec ses quiproquos, son comique de situation bon enfant, ses personnages truculents et attachants. Quant à la brillante partition de Frank Loesser, elle est définitivement intemporelle, alternant légendaires showtoppers (« Luck Be A Lady »), chansons comiques (« Adelaide’s Lament »), ballade sentimentales (« I’ll Know », « I’ve Never Been In Love Before »), eleven o’clock numbers (« Sit Down You’re Rockin’ The Boat ») ou encore duos pétillants (« Marry The Man Today ») : en résumé, c’est une véritable leçon de la comédie musicale condensée sur un spectacle et l’orchestre, dirigé par James McKeon, séduit dès l’ouverture avec un son chaleureux et réconfortant.
Stephen Mear, dont le travail de metteur en scène et/ou chorégraphe, de part et d’autre de la Manche, inclut Mary Poppins, Singin’ In The Rain ou encore 42d Street, rend hommage ici à l’esprit du Broadway d’une certaine époque, dynamisant cette œuvre, tout en gardant son essence. Les chorégraphies font des clins d’œil vintage sans jamais être vieillottes, et les numéros d’ensemble sont particulièrement réussis. Peter McKintosh, créateur des décors et des costumes, propose une vision colorée du Times Square des années 30, jouant avec les clichés et les codes sans pour autant tomber dans la caricature. Enfin, le quatuor principal — Matthew Goodgame (Sky), Christopher Howell (Nathan), Clara Halse (Sarah) et la doyenne Ria Jones (Adelaide) — mène la troupe avec aisance, soutenus par des brillants seconds rôles tel que Joel Montague en Nicely-Nicely Johnson.
Cette production du Marigny est l’occasion de (re)découvrir un vrai classique parfaitement exécuté, option feel-good en sus.