Un métro pour Québec

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Comédie des 3 bornes - 38, rue des Trois-Bornes - 75011 Paris
Du 24 février au 31 mai 2020, les dimanches et lundis à 21h30.
Réservation et renseignements sur le site du théâtre.

JB est un jeune SDF. Juli­ette est étu­di­ante et vit dans les quartiers chics parisiens. A pri­ori tout les oppose. Tout ? Pas si sûr…
Alors qu’il fait la manche pour la énième fois de la journée dans le métro, JB se fait inter­peller par Juli­ette qui, excédée, décide de lui don­ner toute sa mon­naie afin qu’il se taise.
Mais après s’être emportée, elle cul­pa­bilise puis réalise : « Je suis per­suadée de l’avoir vu quelque part. Oui je con­nais ce mec ! Mais d’où ?…»
Un métro pour Québec, ou quand une ren­con­tre inat­ten­due change le cours d’une vie.

Notre avis : Ils se con­nais­saient vague­ment il y a une dizaine d’an­nées. Aujour­d’hui, le des­tin les réu­nit dans une rame de métro. Elle pour­suit des études, habite les beaux quartiers et n’a tou­jours pas sa langue dans sa poche ; lui est SDF depuis peu et s’en­fonce dans l’aso­cia­bil­ité. Tout les sépare, en apparence seule­ment… Cette oppo­si­tion de car­ac­tères four­nit tous les ressorts habituels et appré­ciés d’une comédie roman­tique ryth­mée — on s’ap­proche, on se fuit, on s’at­tire, on se décou­vre, on s’en veut, on s’in­sulte, on se quitte, on se retrou­ve… Mais la pièce sait égale­ment abor­der le con­texte sous-jacent d’une société malade — la pré­car­ité, les préjugés, la soli­tude, l’é­goïsme. Tout en restant légère, car il s’ag­it avant tout d’une comédie. Et une bonne repar­tie vient tou­jours désamorcer, dédrama­tis­er, pour faire rire le pub­lic, au risque de ne pas tou­jours éviter les clichés, notam­ment chez le per­son­nage de la jeune femme.

À cette inca­pable de faire des choix de vie, qui com­pense par une extra­ver­sion pathologique, Juli­ette Behar offre beau­coup d’én­ergie et n’est jamais aus­si juste que lorsqu’elle prend con­science qu’elle doit suiv­re son instinct. Nico­las Soulié — égale­ment auteur du texte — tient bien son per­son­nage de bougon qui regagne con­fi­ance en lui et dont le goût pour la poésie mon­tre qu’il n’est pas aus­si bour­ru qu’au pre­mier abord. La bonne idée d’un troisième per­son­nage qua­si muet — un témoin de la rela­tion ? un obser­va­teur qui égrène de sa gui­tare le temps et les scènes ? — a plus de mal à s’im­pos­er, mais juste­ment… peut-être n’est-il qu’un autre clochard qui n’ex­iste plus parce qu’on ne prend pas la peine de le voir ?

Sur l’étroite scène de la Comédie des 3 bornes, les déplace­ments des comé­di­ens sont con­tenus, mais on appré­cie d’être proche d’eux, au cœur de cette pièce vivante, pleine de sincérité, de sen­si­bil­ité et d’hu­mour, qui, sans vir­er à la comédie sociale, réus­sit à tit­iller les con­sciences, ce qui n’est pas rien de nos jours. Et le Québec dans tout ça ? Pas de divul­gâchis ici ! Réponse dans la salle.

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