On swingue, on chante, on se dispute, on tousse, on rit mais surtout, comme dans toutes les comédies du grand Molière : on s’aime !
Argan est persuadé d’être l’homme le plus malade du monde. Afin de s’assurer un secours quotidien et durable, il a décidé de marier sa fille à un médecin. Mais celle-ci ne compte pas se laisser faire…
Quatre artistes pour dix rôles, un malade imaginaire mais des enjeux bien réels, des mélodies entraînantes accompagnées au piano, pour une adaptation légère et inattendue.
Notre avis (paru lors des représentations en novembre 2019) : L’histoire, on la connaît. Argan, le « malade imaginaire », est veuf et a épousé Béline, une fausse bonne épouse qui attend en réalité sa mort avec impatience pour hériter. Angélique, sa fille, est amoureuse de Cléante, ce qui contrarie son père, qui préférerait la voir avec Thomas Diafoirus, un médecin. Avec l’aide de Toinette, elles essaieront d’avoir l’approbation du père pour un mariage avec l’être aimé par la fille et non par le père.
Raphaël Callandreau a eu l’idée originale d’adapter de manière musicale le chef‑d’œuvre bien connu. Cette initiative est louable, mais ne convainc pas totalement. Il est sans doute dommage d’avoir gardé la scénographie d’Avignon pour une exploitation à Paris. Elle comprend peu de décors (un canapé et un fauteuil), peu de costumes, peu de travail sur la lumière, et la mise en scène donne l’impression de ne pas être aboutie. Par exemple, l’intégration du pianiste en personnage de la pièce paraît un peu maladroite, et cette idée n’est pas menée à terme. Il interagit pour la première fois en nous faisant croire qu’il n’est pas prévu qu’il soit comédien, et prend donc avec lui le texte en main ; mais au-delà de deux répliques, il ne le lit plus. Peut-être aurait-il dû garder le texte en main, ou peut-être aurait-il été plus intéressant de jouer de l’absurdité d’un comédien qui se révèle progressivement sur scène ? De même, le parti pris de distanciation qui consiste à rappeler régulièrement au spectateur qu’il est au théâtre en parlant de « cachet de comédien », en rappelant au pianiste qu’il doit jouer à ce moment-là, ou en faisant signe au régisseur, peut tenir de la maladresse s’il n’est pas exécuté avec soin. Tous ces « gags » mériteraient d’être mieux exploités pour trouver leur parfaite justification. Quitte à nous rappeler constamment que nous sommes spectateurs, peut-être aurait-il été plus judicieux de réaliser un Malade imaginaire version catastrophe à la manière de Thé à la menthe ou t’es citron ? ou Les Faux British…
Soulignons néanmoins le travail remarquable de l’ensemble des comédiens : de vrais comédiens qui nous font entendre avec justesse, finesse et véracité les mots de Molière. Et en adoptant un phrasé moderne, ils permettent au public de se rendre compte à nouveau combien ce texte est plus que jamais d’actualité. Arnaud Schmitt et Céline Dumoutier, par un jeu consommé, pallient la mise en scène un peu sommaire. Rosy Pollastro nous surprend avec son sens du rythme et de l’humour. Les musiques sont amusantes et nous font entendre différemment ce classique du répertoire. À la manière d’une comédie musicale, les compositions originales arrivent sans prévenir et nous étonnent par leur capacité à être au plus proche du texte de théâtre.
Faire connaître Molière de cette manière séduit immanquablement les enfants, qui ne boudent pas leur plaisir. D’ailleurs, durant la représentation, le public semble emporté et c’est le principal.