Un peintre, André. Un nouveau riche, Patarin – qui veut se faire portraiturer. Une maîtresse commune – la jolie Nane – ce que Patarin ne sait pas… Il est question que ce dernier parte en villégiature – et en famille – dans la maison bretonne de l’intriguante Baronne Skatinkolowitz, ce qui promet un mois de roucoulades en solo pour Nane et André.
Seulement voilà. Patarin a imaginé offrir à Nane un mari fictif – Mézaize – afin que ce « couple » les accompagne en vacances. L’amoureux projet d’André et Nane se complique… d’autant que paraît dans l’atelier Colette, jeune fille moderne et délurée qui demande au peintre de lui accorder sa main… Une Colette qui s’avère être la fille de Patarin. La situation s’embrouille délicieusement…
La comédie musicale de Falk, Bousquet et Maurice Yvain figure parmi les chefs‑d’œuvre du genre. Des dialogues et des lyrics spirituels et réjouissants, incisifs, ironiques et parfois délicieusement cruels sur une partition de haute valeur musicale, qui sait marier le fox-trot avec le contrepoint, l’harmonie et l’orchestration et une veine mélodique aux impérieuses séductions. Le succès des chansons de Gosse de riche fut, en son temps, aussi immense que durable. Arthur Honegger disait de Maurice Yvain qu’il était un grand petit maître et ajoutait à juste titre : « Une telle emprise sur la foule prouve quelque chose et n’est pas le fait du premier venu. »
Notre avis : Les Frivolités Parisiennes avaient déjà ressuscité cette Gosse de riche en 2017 avec comme parti pris de placer l’intrigue dans les années 50. C’est une toute nouvelle version que les facétieuses “Frivos” nous offrent avec cette œuvre peu connue datant de 1924 et qui, cette fois, se déroule bien durant les Années folles. Ce vaudeville musical dans lequel les portes ne claquent pas (mais dieu que la sonnette est utilisée !) pétille de nouveau et pour cela rendons grâce à cette troupe qui ne démérite pas. L’orchestre donne à la partition inventive de Maurice Yvain tout son piquant et participe largement à l’entrain du spectacle.
Pour sa nouvelle mise en scène, après Là-Haut, composé là aussi par Maurice Yvain, et le superbe Chat du rabbin, Pascal Neyron s’amuse ici des codes en vigueur dans cette pochade où l’adultère se mêle à une pureté des sentiments sans égale. Une intrigue qui voit le déterminisme de Colette mis à mal par l’incapacité du peintre-photographe André de rompre avec Nane, en raison d’une nature par trop influençable (révélée grâce au titre “On m’a”, particulièrement désopilant). En “gosse de riche”, rien ne peut lui être refusé et cette peine d’amour vient la bousculer. Mais le destin veille, de même que la cupidité de la baronne qui, pour palper les 20 % de dot promise par Colette, fera tout – même si ce n’est pas assez – pour que le couple se forme enfin. Sans pour autant être féministe, cette comédie musicale offre une jolie palette à ses interprètes féminines, jusqu’à la mère de Colette, interprétée avec gourmandise par Sara Lehman.
Si, durant la première partie, le metteur en scène semble confondre vitesse et précipitation (un jeu exubérant à la limite de l’hystérie, qui exige une diction sans faille – cette dernière faisant parfois défaut), tout le pétillant de cette comédie musicale se déploie dans la seconde moitié et encore plus dans le dernier tiers. On y retrouve alors tout ce qui fait le sel de ces œuvres dites légères : les paroles des chansons brocardent – entre autres – la bourgeoisie en mal de culture, les individus inconséquents et provoque sans difficulté l’hilarité recherchée. La distribution, pour séduisante qu’elle soit, se révèle un peu hétéroclite. Les surtitres sont souvent bienvenus tant il est parfois difficile de saisir les paroles. Mais durant deux heures c’est à une jolie envolée que les Frivolités vous convient.
Quelques extraits du spectacle figurent dans l’émission Génération France Musique, le live.