Gosse de riche

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Théâtre de l'Athénée–Louis-Jouvet – Square de l'Opéra Louis Jouvet, 75009 Paris.
Du 8 au 17 mars 2024.
Renseignements et réservations sur le site du théâtre.

Un pein­tre, André. Un nou­veau riche, Patarin – qui veut se faire por­trai­tur­er. Une maîtresse com­mune – la jolie Nane – ce que Patarin ne sait pas… Il est ques­tion que ce dernier parte en vil­lé­gia­ture – et en famille – dans la mai­son bre­tonne de l’intriguante Baronne Skatinkolowitz, ce qui promet un mois de roucoulades en solo pour Nane et André.

Seule­ment voilà. Patarin a imag­iné offrir à Nane un mari fic­tif – Méza­ize – afin que ce « cou­ple » les accom­pa­gne en vacances. L’amoureux pro­jet d’André et Nane se com­plique… d’autant que paraît dans l’atelier Colette, jeune fille mod­erne et délurée qui demande au pein­tre de lui accorder sa main… Une Colette qui s’avère être la fille de Patarin. La sit­u­a­tion s’embrouille délicieusement…

La comédie musi­cale de Falk, Bous­quet et Mau­rice Yvain fig­ure par­mi les chefs‑d’œuvre du genre. Des dia­logues et des lyrics spir­ituels et réjouis­sants, incisifs, ironiques et par­fois déli­cieuse­ment cru­els sur une par­ti­tion de haute valeur musi­cale, qui sait mari­er le fox-trot avec le con­tre­point, l’harmonie et l’orchestration et une veine mélodique aux impérieuses séduc­tions. Le suc­cès des chan­sons de Gosse de riche fut, en son temps, aus­si immense que durable. Arthur Honeg­ger dis­ait de Mau­rice Yvain qu’il était un grand petit maître et ajoutait à juste titre : « Une telle emprise sur la foule prou­ve quelque chose et n’est pas le fait du pre­mier venu. »

Notre avis : Les Friv­o­lités Parisi­ennes avaient déjà ressus­cité cette Gosse de riche en 2017 avec comme par­ti pris de plac­er l’intrigue dans les années 50. C’est une toute nou­velle ver­sion que les facétieuses “Frivos” nous offrent avec cette œuvre peu con­nue datant de 1924 et qui, cette fois, se déroule bien durant les Années folles. Ce vaude­ville musi­cal dans lequel les portes ne claque­nt pas (mais dieu que la son­nette est util­isée !) pétille de nou­veau et pour cela ren­dons grâce à cette troupe qui ne démérite pas. L’orchestre donne à la par­ti­tion inven­tive de Mau­rice Yvain tout son piquant et par­ticipe large­ment à l’entrain du spectacle.

Pour sa nou­velle mise en scène, après Là-Haut, com­posé là aus­si par Mau­rice Yvain, et le superbe Chat du rab­bin, Pas­cal Ney­ron s’amuse ici des codes en vigueur dans cette pochade où l’adultère se mêle à une pureté des sen­ti­ments sans égale. Une intrigue qui voit le déter­min­isme de Colette mis à mal par l’incapacité du pein­tre-pho­tographe André de rompre avec Nane, en rai­son d’une nature par trop influ­ençable (révélée grâce au titre “On m’a”, par­ti­c­ulière­ment désopi­lant). En “gosse de riche”, rien ne peut lui être refusé et cette peine d’amour vient la bous­culer. Mais le des­tin veille, de même que la cupid­ité de la baronne qui, pour palper les 20 % de dot promise par Colette, fera tout – même si ce n’est pas assez – pour que le cou­ple se forme enfin. Sans pour autant être fémin­iste, cette comédie musi­cale offre une jolie palette à ses inter­prètes féminines, jusqu’à la mère de Colette, inter­prétée avec gour­man­dise par Sara Lehman.

Si, durant la pre­mière par­tie, le met­teur en scène sem­ble con­fon­dre vitesse et pré­cip­i­ta­tion (un jeu exubérant à la lim­ite de l’hystérie, qui exige une dic­tion sans faille – cette dernière faisant par­fois défaut), tout le pétil­lant de cette comédie musi­cale se déploie dans la sec­onde moitié et encore plus dans le dernier tiers. On y retrou­ve alors tout ce qui fait le sel de ces œuvres dites légères : les paroles des chan­sons bro­car­dent – entre autres – la bour­geoisie en mal de cul­ture, les indi­vidus incon­séquents et provoque sans dif­fi­culté l’hilarité recher­chée. La dis­tri­b­u­tion, pour séduisante qu’elle soit, se révèle un peu hétéro­clite. Les sur­titres sont sou­vent bien­venus tant il est par­fois dif­fi­cile de saisir les paroles. Mais durant deux heures c’est à une jolie envolée que les Friv­o­lités vous convient.

Quelques extraits du spec­ta­cle fig­urent dans l’émission Généra­tion France Musique, le live.

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