Pulcinella / L’Heure espagnole

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Opéra-Comique – 1, place Boieldieu, 75002 Paris.
Du 9 au 19 mars 2024.
Pour tout renseignement complémentaire, cliquez ici.

Louis Lan­grée, Guil­laume Gal­li­enne et Claire­marie Osta con­juguent les arts scéniques au ser­vice de ces deux chefs‑d’œuvre inspirés du XVIIIe siè­cle galant, dans un spec­ta­cle qui célèbre la lib­erté des gen­res et la fécon­dité de l’esprit comique.
Une fois n’est pas cou­tume, toutes les filles sont amoureuses de Polichinelle : il doit donc se débar­rass­er des jaloux tout en sauvant sa pro­pre idylle. C’est le con­traire pour Con­cep­ción, épouse de l’horloger de Tolède, qui est affligée d’amants aus­si déce­vants que son mari.

Rav­el, que Stravin­sky surnom­mait « l’horloger suisse », créa à l’Opéra-Comique son pre­mier opus lyrique, une comédie musi­cale mag­nifi­ant les paroles et la mécanique du théâtre, juste avant d’aborder sa col­lab­o­ra­tion avec les Bal­lets russ­es. C’est pour ceux-ci qu’après-guerre, Stravin­sky accep­ta de trem­per son inspi­ra­tion dans le théâtre bouffe de Per­golèse : créé à l’Opéra, son bal­let Pul­cinel­la inau­gu­ra la péri­ode néo-clas­sique de sa production.

Notre avis : L’Heure espag­nole de Mau­rice Rav­el étant une œuvre de courte durée, celle-ci se trou­ve inévitable­ment cou­plée avec une autre afin de présen­ter un spec­ta­cle complet .
L’Opéra-Comique nous pro­pose un mariage inédit en l’as­so­ciant à Pul­cinel­la, bal­let en un acte sur une musique de Stravin­sky (inspirée par Per­golèse) et dans une mise en scène de Guil­laume Gallienne.
Le décor unique sur­réal­iste – très inspiré par le style du pein­tre Ital­ien Gior­gio De Chiri­co – sert judi­cieuse­ment les deux intrigues à pre­mière vue sans rapport.
Nous com­pren­drons rapi­de­ment que le lien se fait par les intrigues amoureuses inver­sées des deux his­toires. Polichinelle, dont toutes les filles sont amoureuses, doit se débar­rass­er des jaloux tout en sauvant sa pro­pre idylle tan­dis que Con­cep­ción de son côté doit choisir un amant par­mi les pré­ten­dants qui, dans l’ensem­ble, ne valent pas mieux que son mari.
Le bal­let Pul­cinel­la dan­sé par le Sué­dois Oscar Salomon­s­son nous per­met d’ad­mir­er une fois encore la gra­cieuse étoile de l’Opéra de Paris Alice Rena­vand, qui fit tout récem­ment ses adieux à la « Grande Mai­son » de la danse, entourée par qua­tre autres inter­prètes (deux danseuses ain­si que deux danseurs). Ils for­ment tous les deux un très gra­cieux cou­ple d’amoureux dont on sent la forte attirance.
L’ex­iguïté de la scène de Favart ne facilite nulle­ment leurs déplace­ments ; nous les sen­tons cal­culer minu­tieuse­ment cha­cun de leurs pas, très bridés par l’im­pres­sion­nant mais non moins joli décor signé Sylvie Olivé.
Le sup­port vocal des trois chanteurs est à louer ; nous pas­sons un bon moment musi­cal et choré­graphique en leur compagnie.
Nous n’ou­blions évidem­ment pas une autre grande fig­ure de la danse, Claire­marie Osta, qui a eu la charge de régler ce petit monde au mil­limètre près.!
L’Heure espag­nole arrive en sec­onde par­tie avec son cortège de bonne humeur.
Rien d’é­ton­nant à cela car on imag­ine facile­ment la jubi­la­tion qu’a pu ressen­tir Rav­el en met­tant en musique l’acte joyeux écrit par Franc-Nohain.
Trans­po­si­tion de l’in­trigue dans une Espagne d’opérette, il fut séduit par l’im­placa­ble mécanique hor­logère qui con­duit les qua­tre per­son­nages mas­culins à con­voiter la belle Con­cep­ción dans un esprit assez grivois, dis­ons-le, bien loin de celui du musi­cien ! Il s’en est néan­moins amusé tout en nous divertissant.
On retrou­ve la mali­cieuse Stéphanie d’Ous­trac dans une com­po­si­tion pas si éloignée de celle de La Péri­c­hole qu’elle inter­pré­ta sur cette même scène il y a deux ans. Sa voix chaude sem­ble idéale pour le rôle.
Elle ray­onne dans cet emploi de coquette ; ses soupi­rants, valeurs sûres du chant français (Philippe Tal­bot, Jean-Sébastien Bou, Nico­las Cav­al­li­er, Benoît Rameau),
vire­voltent autour d’elle avec panache et nous livrent une impec­ca­ble leçon de chant et de comédie.
Louis Lan­grée con­duit avec fougue l’Orchestre des Champs-Elysées ; le trio qu’il forme avec Guil­laume Gal­li­enne et Claire­marie Osta est don­né gag­nant à en juger par l’ac­cueil chaleureux du pub­lic qui leur a été réservé ce soir-là.
Une men­tion spé­ciale est décernée à John Tor­res qui a su si joli­ment éclair­er le spectacle.

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