Bernadette de Lourdes

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Dôme de Paris – 34, boulevard Victor, 75015 Paris.
Les 21, 22, 23 et 24 septembre 2023. Succès reprise : cinq représentations exceptionnelles du 21 au 23 juin 2024.
Renseignements et réservations sur le site du Dôme de Paris et sur le site du spectacle.

Après un tri­om­phe à Lour­des avec plus de 150 000 spec­ta­teurs, le boulever­sant spec­ta­cle Bernadette de Lour­des arrive enfin à Paris avant une tournée dans toute la France. C’est le réc­it des fasci­nantes appari­tions mar­i­ales à la jeune Bernadette Soubirous. Inspiré des comptes ren­dus offi­ciels d’interrogatoires, le spec­ta­cle retrace avec authen­tic­ité l’histoire de Bernadette, ses ren­con­tres avec le com­mis­saire Jacomet, l’abbé Peyra­male, le pro­cureur Dutour… Sa lutte calme et hum­ble pour défendre son réc­it auprès des adultes scep­tiques et sa famille meurtrie.

Notre avis : Tan­dis que le pape François vient offici­er à Mar­seille, le spec­ta­cle musi­cal Bernadette de Lour­des débar­que à Paris. Hasard du cal­en­dri­er ou coïn­ci­dence divine ? Bref… Revenons à nos mou­tons ! Ceux de la jeune Bernadette Soubirous qui,  le 11 févri­er 1858, dans une grotte près de Lour­des, affirme avoir eu une vision. D’après les détails qu’elle donne, l’ap­pari­tion ressem­ble bien à une Vierge Marie. Les hommes de son temps s’empressent de la ques­tion­ner et de juger : un com­mis­saire, un curé, son père, mais aus­si un pro­cureur, un médecin et la foule des anonymes. Voilà à peu près le point de départ du spec­ta­cle, qui ne s’en éloign­era guère. L’in­trigue avance, en effet, peu et ce qui pour­rait com­penser en ten­sion dra­ma­tique – une psy­cholo­gie fouil­lée des per­son­nages, notam­ment – est plutôt réduit. La suc­ces­sion trop linéaire des tableaux empêche d’in­staller une dynamique dans le réc­it. Donc, hormis quelques scènes de foule qui relan­cent le rythme, mais trop mal­adroite­ment insérées et trop chiche­ment choré­graphiées pour véri­ta­ble­ment sus­citer un élan tenace, le spec­ta­cle s’es­souf­fle à peine commencé.

Clins d’œil au réper­toire ou atten­tion à une vérac­ité his­torique ? Le Com­mis­saire a quelques relents du Javert des Mis­érables et il nous a sem­blé que la con­cep­tion du trio Com­mis­saire-Curé-Père s’é­pan­chant cha­cun au sujet de Bernadette lorgnait du côté de « Belle » dans Notre-Dame de Paris

La bande-son, comme le livret, est com­posée à gros traits, dans une uni­for­mité ryth­mique et mélodique qui lasse, sans vrai­ment con­fér­er de car­ac­tère ou de sin­gu­lar­ité aux per­son­nages. Dans ce flot homogène se déga­gent pour­tant une jolie prière, sen­si­ble, chan­tée par Bernadette en sec­onde par­tie, ain­si que l’air du Com­mis­saire au moment où sa réso­lu­tion s’ef­frite et qu’il est tor­turé par le doute. On retient égale­ment un fer­vent Ave Maria, qui dénote très agréable­ment du reste de la par­ti­tion, sans doute parce qu’il est extrait des Dia­logues des Car­mélites de Fran­cis Poulenc.…

Les paroliers ont man­i­feste­ment pris soin d’a­gencer rimes et asso­nances, mais trop de répéti­tions finis­sent par don­ner l’im­pres­sion que l’on tourne en rond.

On imag­ine que la mise en scène doit se pli­er aux con­traintes des dif­férents lieux où le spec­ta­cle est joué. De fait, elle est sobre mais effi­cace, et on salue les jolies pro­jec­tions qui habil­lent le décor.

Les artistes font enten­dre des voix robustes. Le rôle-titre affiche un tim­bre très agréable, à la fois juvénile et déter­miné comme la jeune fille con­quise par la foi qu’elle est dev­enue. Et les voix d’hommes, très sol­lic­itées dans les aigus, sont d’une remar­quable solid­ité. Dom­mage de ne pas trou­ver leurs noms sur le site Inter­net du Dôme de Paris…

Nous avouons, certes, n’être pas clients de ce genre de spec­ta­cle tail­lé pour un large pub­lic et don­né dans des lieux où l’a­cous­tique toni­tru­ante défie notre ouïe. Et l’en­goue­ment du pub­lic ce soir – des per­son­nes venues de loin, d’autres qui ont déjà vu le spec­ta­cle – nous laisse pan­tois. Pas tant en rai­son des aspects artis­tiques abor­dés plus haut – les goûts et les couleurs… –, mais plutôt du choix et du traite­ment du sujet. Pour des spec­ta­tri­ces et des spec­ta­teurs que l’on devine sen­si­bles à ce qui fait la force d’une sainte, à savoir sa spir­i­tu­al­ité, sa fer­veur pro­fonde, com­ment suc­comber à une vision qui ne fait qu’­ef­fleur­er ces aspects ? Mais, là encore, nous sommes peut-être passés à côté d’un mir­a­cle collectif…

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