Canada — Les Misérables (Critique)

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Nick Cartell dans le rôle de Jean Val­jean © Matthew Mur­phy

Musique : Claude-Michel Schönberg
Livret : Claude-Michel Schön­berg et  Alain Boublil
Paroles : Her­bert Kretzmer

Digne, 1815 : Le pro­tag­o­niste Jean Val­jean, No 24601, est finale­ment libéré après 19 ans de travaux for­cés, dont 5 pour avoir volé un pain et 14 pour avoir ten­té de s’échapper. Le polici­er Javert lui donne un passe­port jaune, qu’il faut tou­jours mon­tr­er. Jean Val­jean quitte Toulon plein d’espoir d’une nou­velle vie, mais il décou­vre bien vite que son passé de forçat le fait rejeter partout : s’il trou­ve du tra­vail, il ne reçoit que la moitié du salaire et aucune auberge ne le reçoit. Seul, l’évêque de Digne lui donne à manger et un lit pour la nuit. Mais Val­jean, enhar­di par sa longue cap­tiv­ité à Toulon, le repaye en lui volant son argen­terie. Cap­turé, on le ramène à Digne. L’évêque, qui con­naît le passé de Val­jean, ment pour le sauver et lui donne aus­si deux chan­de­liers en argent. Il lui demande de recom­mencer une vie hon­nête avec cet argent. Val­jean, stupé­fié par la pitié de l’évêque, s’engage à suiv­re la demande de l’évêque.

Notre avis :
Le retour des Mis­érables à Mon­tréal a eu lieu hier soir. On nous avait promis la renais­sance de ce clas­sique de la comédie musi­cale. Après un suc­cès durant plus de deux ans sur les planch­es de Broad­way, voilà que le reste de l’Amérique avait elle aus­si le droit de s’émer­veiller devant ce spec­ta­cle acclamé par les cri­tiques de New-York.

Un seul mot nous vient à l’e­sprit : décep­tion ! Dès l’ou­ver­ture, le nou­veau Jean Val­jean purge sa peine sur un navire… en ramant ! Qu’al­lions-nous décou­vrir par la suite ?

Bien sûr, la nou­velle mise en scène est impres­sion­nante et on adore les pein­tures de Vic­tor Hugo en toile de fond. Tout comme les nou­veaux décors, imposants… Mais pourquoi ne pas avoir con­servé les arrange­ments musi­caux orig­in­aux ? Le suc­cès des Mis­érables repose notam­ment sur la musi­cal­ité. Or, dans cette pro­duc­tion, on a l’im­pres­sion que la plu­part des chan­sons, pour ne pas dire toutes, sont passées en « fast for­ward » pour tenir dans le temps alloué. De fait, l’œu­vre est dénaturée et on se sent berné. Rien de moins !

J. Antho­ny Crane dans le rôle de Thé­nardier © Matthew Mur­phy

Il y a bien sûr cer­tains aspects posi­tifs, comme les con­fronta­tions entre Javert et Val­jean, qui sont mer­veilleuses, tout en rival­ité. Et on saluera la tal­entueuse troupe. Notre coup de cœur va sans con­teste à Nick Cartell, qui offre un Jean Val­jean à la voix puis­sante tin­tée d’in­to­na­tion lyrique pleine de sincérité. Sa présence efface presque les autres inter­prètes. D’ailleurs, sa sub­lime inter­pré­ta­tion de « Bring Him Home » soulève la foule, qui était restée très dis­crète jusque-là. Josh Davis, en Javert, nous a aus­si épous­tou­flés, avec une apothéose lors de la scène du sui­cide, intel­ligem­ment mise en scène. Mar­ius, inter­prété par le jeune Joshua Grosso, a quant à lui séduit le pub­lic dès ses pre­mières notes. En revanche, nous atten­dions une per­for­mance excep­tion­nelle des Thé­nardier mais elle n’est pas venue. Le tal­ent des artistes (J. Antho­ny Crane et Alli­son Guinn) n’est pas en cause : ils ont mis toute leur énergie au ser­vice de leurs rôles mais les nou­veaux arrange­ments musi­caux ne met­tent pas en valeur leurs presta­tions. C’est dommage.

Si vous êtes fans des Mis­érables et que vous avez assisté aux nom­breuses tournées de ce spec­ta­cle, vous risquez d’être déçus. En revanche, si c’est votre pre­mière fois et que vous ne pou­vez com­par­er, ce spec­ta­cle pour­rait vous plaire.

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