Cerise Calixte, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Mes deux parents sont artistes, j’ai toujours baigné dans ce milieu mais au départ, je voulais être professeure des écoles. J’ai fait une école de commerce et en parallèle une comédie musicale. Un jour, je suis rentrée chez moi et j’ai dit à mes parents que j’avais choisi et que je ne voulais pas faire autre chose. Très vite, ça s’est enchaîné avec Footloose, puis Avenue Q, La Belle et la Bête, Le Magicien d’Oz. J’ai également travaillé à Disneyland Paris . Au bout d’un moment, j’ai eu envie de tenter le doublage. J’ai pris rendez-vous avec une directrice artistique, j’ai assisté à ses séances et à l’une d’elles, il y avait Léovanie Raud [Mme Samovar dans La Belle et la Bête à Mogador] à qui la directrice demande, devant moi, si elle connaît des métisses qui chantent et jouent la comédie. Léovanie se retourne vers moi, on rigole… J’ai donné mon CV et à partir de là, j’ai passé des essais pour Vaiana.
Le processus d’auditions a‑t-il été long ?
J’ai juste passé un essai pour la voix chantée et un essai pour la voix parlée, puis je n’ai plus rien fait à part leur envoyer des précisions sur mon parcours ou mon CV. J’ai passé les essais en mai, puis fin juin, j’ai appris que j’avais été choisie par la France et que j’étais la seule voix envoyée aux Etats-Unis. Fin juillet, j’ai eu une réponse définitive.
Comment avez-vous réagi ?
Je n’y croyais pas. Sur le moment, je crois que j’ai fait le tour de mon appartement en courant ! Ensuite, je suis allée annoncer la nouvelle à mes parents. Depuis très longtemps, ils pensaient que j’allais faire ce métier, même quand je n’y pensais pas moi-même. Ils attendaient que j’aie un rôle qui m’appartienne et me ressemble. J’ai souvent été doublure ou swing, avec de beaux rôles, mais que je n’ai pas eu le temps de m’approprier. Là, je créais le rôle en France.
Le fait d’avoir déjà joué une héroïne Disney — Belle à Mogador — vous a‑t-il aidée ?
Ca m’a aidée pour les essais, certainement, car Belle est une jeune première, avec ce type de voix fraîche. Ensuite, le fait que j’aie joué dans de grosses productions a surement rassuré la Walt Disney Company. C’était important pour eux d’avoir quelqu’un qui ait la tête sur les épaules et qui puisse assumer tout ce qu’il y avait derrière, comme la promotion du film et aujourd’hui l’album.
Rétrospectivement, quels sont les souvenirs forts de cette aventure Vaiana ?
L’enregistrement de la chanson phare du film a été très émouvant pour moi. Puis, quand j’ai commencé à doubler la voix parlée, ça a été fou de voir qu’il y avait enfin un personnage qui me collait à 100 %. On ne va pas se mentir : c’est toujours compliqué quand on est métisse très clair comme moi, car on est soit « trop blanc », soit « trop noir ». J’ai eu la chance de jouer des rôles asiatiques ou caucasiens mais il n’y avait jamais rien qui me correspondait entièrement. Quand j’ai vu Vaiana, il y a quelque chose qui a collé directement et ça a été d’une extrême facilité pour moi.
Justement, vous trouvez que ça bouge en matière de diversité dans la comédie musicale ?
J’ai l’impression que ça bouge mais ça met du temps. C’est vrai qu’il y a dix ou quinze ans, je pense que je n’aurais pas pu jouer le rôle de Belle. Idem pour Le Magicien d’Oz où j’étais doublure de Dorothy. Mais dès qu’il y a l’implication des Etats-Unis, ce n’est pas un problème. En France, ça commence à bouger et on se rend compte que la couleur de peau n’est pas si importante. Bien sûr, il y a des histoires qui s’y prêtent plus que d’autres. Là, quand je vois que Emmanuelle N’Zuzi va jouer Rizzo dans Grease, je trouve ça génial.
Vous sortez aujourd’hui Cerise chante Disney. Comment est venue l’idée de l’album ?
D’une proposition de la Walt Disney Company. Un jour, leur directeur créatif m’a appelée pour me dire qu’il sortait de chez Universal et m’a demandé si j’étais toujours d’accord pour chanter du Disney. J’ai dit oui, évidemment ! On en avait déjà parlé avant mais ça dépendait aussi du succès du film. Comme ça a été une belle rencontre et qu’ils avaient envie de retravailler avec moi, c’était l’occasion de sortir un album très « soleil », très frais.
Comment s’est fait le choix des chansons ?
Ca a été un brainstorming collectif. La Walt Disney Company avait déjà des propositions mais j’ai ai été assez libre de dire oui, de dire non, de proposer des titres. On a beaucoup discuté entre nous et notamment avec l’arrangeur car il fallait que ce soit un album qui me ressemble et qui ressemble aux couleurs de Vaiana, pour que les fans, les enfants, puissent s’y retrouver.
Enfant, quel était votre rapport à l’univers Disney ? Vous étiez fan ?
Je n’ai jamais vraiment été « fan » de qui que ce soit à part peut-être de Whitney Houston. En revanche, je ne regardais sans doute pas autre chose que des Disney. Ce qui a été assez fou c’est que Disney est revenu plusieurs fois dans ma vie : il y a eu La Belle et la Bête, j’ai chanté au parc sur le spectacle de La Reine des Neiges, et maintenant Vaiana. Avec le recul, je me dis que c’était peut-être tracé. Ce qui est sûr, c’est que j’ai un bon contact avec les enfants. J’ai toujours aimé faire des spectacles pour eux. Ce n’est pas pour rien que je voulais être professeure des écoles au départ.
Quels sont vos projets aujourd’hui ?
J’espère pouvoir partir en tournée avec l’album, aller à la rencontre des enfants. J’aime le doublage mais j’aime aussi la scène et j’ai besoin des deux. Après, pour la suite… Tout a été tellement vite que je n’ai pas eu le temps de me projeter. Ce que je sais, c’est que j’aimerais rester dans le circuit enfants. Ça me parle et ça me plaît !
Cerise chante Disney — CD 14 titres — Universal
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