Rencontre avec Thuy-Nhân Dao, compositrice.
Comment avez-vous rencontré Stéphane ?
Notre rencontre remonte à une dizaine d’années, sur le tournage d’un clip. Je n’étais pas compositrice, mais faisais du featuring voix et guitare. Quant à Stéphane, il donnait un coup de main au réalisateur. Nous avons sympathisé, il attendait le résultat de son examen d’entrée à la section scénario de la Fémis, avec déjà ce projet de long-métrage en tête. Réponse qui fut positive, donc. Nous avons gardé le contact, il m’a demandé où je jouais, a écouté ma musique, et est venu me voir mixer. Puis nous nous sommes croisés par hasard à diverses reprises, comme si le destin nous envoyait un signe ! Un beau jour, il m’a envoyé un mail disant en substance : « Rien n’est prêt mais si j’avais en projet un film, est-ce que, sur le principe, une collaboration t’intéresserait ? » J’ai répondu oui immédiatement.
Par conséquent cette proposition s’est concrétisée avec Dans la cuisine des Nguyễn ?
Il m’a parlé de sa comédie musicale il y a trois ans, précisant que nous serions deux pour composer la musique du film. Nous ignorions comment cela allait se passer. Avant d’avoir le financement, donc dans l’incertitude quant à la concrétisation du projet, il m’a demandé de faire des pré-maquettes. Je lui ai fait des propositions pour « Pivot, pirouette » et aussi sur la danse des femmes asiatiques. Quelques allers-retours particulièrement fluides plus tard, nous sommes tombés d’accord. Il a ensuite fallu attendre que le financement soit bouclé pour que tout prenne forme. Quelle joie ce fut d’apprendre que le film allait se faire !
Quelle fut l’étape suivante ?
J’ai continué à avancer sur les morceaux. « Pivot, pirouette » a été modifié. Je qualifierais mon influence pour ce morceau de « italo-disco » avec un côté années 80. Il m’a fallu ajouter du groove, donc procéder à un virage à 360° ! J’ai accepté le défi, même si j’avais peur. Nous avons finalisé le morceau avec Clovis Schneider, que que j’ai rencontré assez tardivement, l’été avant le tournage. J’ai enchaîné avec « La Reine des nems » en version piano-voix. Pour la petite histoire, j’avais envoyé le morceau à Stéphane et le lendemain matin… on se croise dans le métro ! Il m’a dit : « Je l’ai eu toute la nuit dans la tête. » Nous n’avons cessé de nous croiser, en plus des réunions professionnelles, nous ne pouvions échapper l’un à l’autre !
Et pour le final ?
Stéphane m’a dit qu’il aimerait que l’on fasse le final disco avec Clovis. Il faut dire qu’avec mon collègue compositeur, le courant est tout de suite passé. À l’approche du tournage, le travail s’est accéléré. Clovis m’a dit : « Commence une mélodie et on verra. » Il ne me restait qu’une après-midi pour composer ce morceau car je mixais le soir et je voyais Clovis à 14 heures le lendemain. La chanson m’est arrivée subitement. En termes de référence, Stéphane m’a fait découvrir « Come to Me » de France Joli, en insistant qu’il était sensible à sa structure et à son énergie. Comme j’ai une tendance naturelle à composer des morceaux mélancoliques, même en disco, je me suis adaptée à sa demande de disco lumineuse.

Comment s’est déroulée votre collaboration ?
Stéphane, à tous les stades du travail, se montre très à l’écoute de chaque personne, il parvient sans peine à saisir chaque personnalité et à rendre les choses idéales. La preuve : ce tournage fut fluide et bienveillant. Il savait que j’avais besoin de dates boutoirs, il m’en a donné, ce qui m’a beaucoup aidée. Dès que nous étions d’accord sur les maquettes, Stéphane était très présent en studio, faisant des propositions pertinentes, toujours en douceur, ce qui permet d’avancer ensemble, dans la bonne humeur. Il pense toujours à de nombreux petits détails, que nous avons suivis pour rendre au mieux l’idée qu’il avait en tête. Ce fut un travail intense mais mené avec plaisir.
Quel lien entretenez-vous avec la comédie musicale ?
Ce genre a toujours été en filigrane dans ma vie, bien plus fort sans que je ne pensais. Cela passe, par exemple, par un souvenir d’enfance marquant, mais qui finit pas se dissoudre dans le quotidien. Enfant, la découverte à la télévision de Peau d’âne, de Jacques Demy, m’a émerveillée. Avec ma sœur nous nous rêvions en princesse et avons confectionné des robes couleur du temps et autre ! Un peu plus tard, découvrir la version de Robert Wise de West Side Story ma également beaucoup marquée. En fait, je n’aurais jamais dit que j’affectionnais ce genre, or il est vraiment partie intégrante de ma vie. J’ai aimé Les Chansons d’amour, adoré Dancer in the Dark… En tant que chanteuse et actrice, j’ai une expérience au cabaret dans les spectacles de l’artiste burlesque Juliette Dragon. Je chantais mes compositions ou des reprises.
Quels sont vos projets ?
Un nouvel album va sortir dans quelques mois. Une partie a été co-produite avec Clovis, là encore une traduction de notre superbe entente ! D’ailleurs nous irons tous les deux au festival MCM (Musique Cinéma Marseille) qui met à l’honneur la musique de film. Nous ferons partie d’un atelier avec des réalisateurs et des producteurs, travaillant sur certains de leurs scénarios, ce qui pourrait par la suite se traduire par une collaboration. C’est dans ce festival que Stéphane a rencontré Clovis, autant dire qu’il a une place particulière pour nous ! Par ailleurs, j’ai composé la musique du spectacle de danse contemporaine de Marie Perruchet qui sera présenté à Hyères à la Villa Noailles en mai. Et… je me souhaite d’autres projets au cinéma !
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