François Alquier, pourquoi écrire un livre sur Starmania ?
Parce que je suis fan de Starmania depuis que je suis enfant ; j’avais demandé à mes parents de m’acheter le disque lorsque j’avais onze ans. J’ai découvert Starmania par le biais de Daniel Balavoine dont j’étais fan — je le suis toujours. En écoutant l’album, j’ai été marqué par les voix et les musiques. J’ai été touché par les paroles même si, à l’époque, je n’avais pas tout compris. En grandissant, j’ai commencé à comprendre en écoutant régulièrement les albums de 78 et 79 qui sont, selon moi, les plus fidèles à ce que souhaitaient dire les auteurs. Aujourd’hui, j’écoute encore Starmania sans m’en lasser. C’est un livre écrit par un fan.
Starmania va bientôt fêter ses 40 ans. Ce livre est une commande dans l’optique de cet anniversaire ?
Non. Un ami m’a demandé quel livre je voudrais écrire et je lui ai répondu que je ne savais pas. Cet ami que je connais depuis l’enfance m’a rappelé que, plus jeune, je lui parlais tout le temps de Starmania. J’ai aussitôt fait le lien avec l’anniversaire qui arrive bientôt. J’en ai parlé à une autre amie éditrice jeunesse et, le lendemain, elle m’a appelé pour me dire que j’avais rendez-vous avec l’éditrice de « Hors collection ». La semaine suivante, le contrat était signé.
J’ai lu que vous n’avez pas contacté Luc Plamondon et France Gall pendant vos recherches. Ont-ils entendu parler de votre livre depuis ? Avez-vous eu des retours ?
France Gall est très protectrice vis-à-vis de l’œuvre de Michel Berger et j’avais peur qu’elle puisse empiéter sur ma recherche et ma façon de travailler. J’imagine qu’elle aurait voulu un droit de regard, ce qui aurait pu ralentir ma recherche. Quant à Luc Plamondon, j’ai essayé de le joindre, mais on m’a dit qu’il ne souhaitait plus participer à des livres sur lui et son œuvre. Maintenant que le livre est fini, j’aimerais beaucoup avoir leurs retours. J’ai interrogé beaucoup d’interprètes des différentes versions de Starmania donc je pense qu’ils ont été au courant assez rapidement.
Vous n’avez donc pas rencontré d’obstacle ?
Non. Mais je regrette un peu de ne pas avoir pu parler à Luc Plamondon parce que j’avais des questions précises et lui seul aurait pu y répondre, notamment sur la construction de Starmania ou certains choix faits lors de la réécriture pour la version de 1988.
De quoi êtes-vous le plus fier ?
Je suis fier du livre en général mais j’avoue que le témoignage de Maurane qui parle de son expérience dans Starmania et de son départ est celui que je ne pensais pas avoir. Donc je suis heureux d’avoir réussi. Les autres interviews sont importantes. Elles permettent de mettre en lumière les coulisses de la création. Il y a des pièces manquantes comme France Gall ou Fabienne Thibeault, qui n’a pas pu témoigner car elle va faire paraître un livre sur Starmania prochainement. Le plus difficile concernait les témoignages relatifs à la version originale. J’ai quand même pu recueillir les récits de Roddy Julienne (qui jouais le gourou marabout) et René Joly (L’Extraterrestre en 78 et Roger-Roger en 79).
Vous dites que la version de 1979 est plus proche de ce que voulaient Berger et Plamondon. Et pourtant, Tom O’Horgan, le metteur en scène, a supprimé beaucoup d’éléments que souhaitait le duo.
Ils ont également mis en scène la version de 1988. Je parle plutôt des chansons et de l’histoire que de la mise en scène. Je pense qu’ils étaient plus déçus par la mise en scène que par l’œuvre elle-même. Du coup, pour moi, l’album public de 1979 est la version de référence parce qu’ils ont eu moins de contraintes qu’en 1988 où ils ont dû réduire le spectacle à 1h50 alors que la version originale durait plus de 2h30.
Quel serait « votre » Starmania ?
Mon Starmania serait fidèle à la version de 1979 même s’il y a peut-être deux ou trois chansons qui ne sont pas primordiales. Mais la version de 1988 a supprimé trop de choses, elle est trop édulcorée. La violence est amoindrie ; il n’y a plus la hargne qu’il existait auparavant. Par exemple, la chanson de Diane Dufresne dans la version de 79, « Sex-shop cinéma porno », me semble essentielle et elle a été coupée dans la version de 88. Je regrette aussi la disparition de l’extraterrestre présent dans l’album studio de 78, mais absent sur scène. Mais je ne suis pas metteur en scène et je ne vais pas refaire mon Starmania.
Au cours de vos recherches, avez-vous entendu parler d’un possible retour de Starmania ?
On en entend parler mais ce n’est pas encore acté. Il y a beaucoup de différends qui doivent être réglés mais je trouverais bête de ne pas profiter des 40 ans pour faire un grand retour. Je reste persuadé du succès de cette éventuelle version. Les chansons sont tellement connues que cela pourrait presque devenir un karaoké géant.
Etes-vous impliqué dans ce projet d’une nouvelle version ?
Non, dans Starmania, je ne suis rien. Mais j’aimerais beaucoup que ce livre devienne le livre officiel de l’histoire de Starmania. Il n’a pas été conçu pour cela, mais j’aimerais qu’il le devienne.
Pour finir, si vous deviez faire découvrir Starmania à quelqu’un, comment le feriez-vous ?
En lui faisant écouter l’album live de 1979.
Si vous souhaitez découvrir Starmania, nous vous recommandons le livre L’aventure Starmania écrit par François Alquier. Il contient plusieurs pépites, des photos, des témoignages ou des anecdotes sur les différentes versions. Il retrace de façon simple et accessible l’histoire de cet opéra-rock devenu culte. Un must à avoir (avec l’album live de 1979 bien entendu).