Have a Good Day!

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Théâtre du Rond-Point – 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris.
Du 22 au 24 octobre à 20h30.
Pour en savoir plus, cliquez ici.

Dix femmes en tabli­er bleu, assis­es face au pub­lic, scan­nent des arti­cles sous la lumière crue des néons. Dix cais­sières chantent des phras­es répétées mille fois par jour : « Bon­jour, mer­ci, bonne journée ! ». Cet opéra pour voix, piano et musique élec­tron­ique du col­lec­tif litu­anien Oper­o­mani­ja, acclamé par le pub­lic et la cri­tique depuis sa créa­tion, reçoit les con­fes­sions chorales d’employées de super­marché, abor­dant non sans humour la déshu­man­i­sa­tion du consumérisme.
Avec le sens du rythme et de l’ironie, les ritour­nelles s’envolent, le plus sou­vent a cap­pel­la. Ponc­tuées par le bip répéti­tif des scan­ners, elles dressent pêle-mêle la liste des cours­es et les con­di­tions de tra­vail des ouvrières. Un poème sub­ver­sif et universel.

Notre avis : Tout d’abord entr­er dans la salle, en place­ment libre, sous la lumière peu flat­teuse de nom­breux néons, tan­dis que les dix cais­sières scan­nent déjà les codes-bar­res réu­nis sur une feuille, le tout dans une ambiance sonore évo­quant un super­marché assez calme, mais où l’on devine une activ­ité con­stante. S’in­staller, sans savoir véri­ta­ble­ment quand ce court spec­ta­cle (moins d’une heure) va débuter. Clas­sique­ment, l’ex­tinc­tion des néons de la salle mar­que le coup d’en­voi, tan­dis que le seul homme de la dis­tri­b­u­tion s’assied au piano, avec un blou­son flo­qué « sécu­rité ». À par­tir de ce moment, il faut se laiss­er aller à la beauté de la com­po­si­tion musi­cale faite de poly­phonies sub­tiles, mais aus­si de réc­i­tat­ifs puisque cha­cune des cais­sières évoque un pas­sage de sa vie. Tout en en litu­anien, une tra­duc­tion en français et en anglais pro­jetée sur le mur blanc de fond de scène. Revient par inter­mit­tence ce bruit de super­marché. Les femmes par­lent de leur quo­ti­di­en répéti­tif, des phras­es pronon­cées des cen­taines de fois par jour. Tan­tôt elles fan­tas­ment une vie par­al­lèle dans les rayons, où les radis étran­g­lent d’autres légumes ; tan­tôt elles rêvent d’un ailleurs, comme ce voy­age en Angleterre que compte faire l’une d’elles pour retrou­ver son fils – mais elle pré­cise qu’elle devra l’at­ten­dre qua­tre heures à l’aéro­port car il tra­vaille et ne peut venir la chercher dès son arrivée. Toute l’écri­t­ure explore ces petits riens, ces moments anodins, la musique se fait répéti­tive… Et soudain on se met à penser à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui tra­vail­lent dans ces con­di­tions com­pliquées, des per­son­nes qui révélèrent leur grande impor­tance car en pre­mière ligne durant le Covid. Ce spec­ta­cle déroutant mais séduisant, qui con­naît un suc­cès inter­na­tion­al est, en quelque sorte, une manière de les remercier.

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