Isabelle Wolgust raconte …

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Isabelle Wol­gust, par­lez nous de votre par­cours, présen­tez-vous à nos lecteurs.
Lorsque j’avais qua­tre ou cinq ans j’ai vu danser Fred Astaire au ciné­ma. Je me sou­viens encore de mon émer­veille­ment et de mon émo­tion, je me suis dit alors que tout était pos­si­ble. Je crois que ma pas­sion pour le ciné­ma a com­mencé là. J’ai donc fait des études de ciné­ma, puis j’ai tra­vail­lé sur les tour­nages avant de devenir scé­nar­iste. J’écris des scé­nar­ios pour le ciné­ma et la télévi­sion depuis plus de dix ans main­tenant. J’enseigne égale­ment l’économie de l’audiovisuel et du ciné­ma à la Sorbonne.

Qu’est-ce qui vous a don­né envie d’écrire le dic­tio­n­naire de la comédie musicale ?
La pas­sion, la pas­sion, la pas­sion ! Plus sérieuse­ment, l’envie de redonner ses let­tres de noblesse à ce genre trop sou­vent méprisé. En France — ce n’est évidem­ment pas le cas aux États-Unis, qui ont inven­té le genre — les comédies musi­cales au ciné­ma ont longtemps été mal aimé. Mais c’est en train de chang­er avec le suc­cès des comédies musi­cales sur scène, l’excellence de la for­ma­tion française, la série Glee aus­si, qui a fait con­naître la comédie musi­cale au jeune pub­lic et bien sûr le suc­cès de La La Land (D. Chazelle, 2016) , qui prou­ve bien que l’intérêt du pub­lic est tou­jours présent.

Com­ment le choix des films pour votre livre s’est fait ? Avez-vous revu tous les films cités dans le dictionnaire ?
Je me suis beau­coup doc­u­men­tée, j’ai con­sulté les archives, je suis allée aux sources, mais j’ai surtout vu plus de 600 comédies musi­cales. Puis j’ai fait un choix en fonc­tion de l’intérêt artis­tique, cul­turel, économique, his­torique de chaque film. J’ai ensuite revu les films par réal­isa­teur, choré­graphe, com­pos­i­teur, scé­nar­iste… Cela m’a per­mis d’analyser l’évolution des styles et l’importance de cha­cun dans l’histoire de la comédie musi­cale. J’ai ain­si con­sacré des entrées, pour n’en citer que quelques unes à Cole Porter, Michael Kidd, Bob Fos­se, Irène Sharaff, for­mi­da­ble cos­tu­mière… Il y aus­si des entrées thé­ma­tiques sur les cla­que­ttes, les adap­ta­tions, mais aus­si sur l’influence de l’immigration juive, ou les liens qu’entretiennent la cul­ture queer et la comédie musi­cale et d’autres plus légères sur les patins à roulette par exem­ple. Pour moi, la comédie musi­cale : c’est la quin­tes­sence du ciné­ma. Un art majeur !

Quelle est l’anec­dote de tour­nage de film qui vous a le plus amusée ou surprise ?
C’est dif­fi­cile à dire, il y en a telle­ment. Je ne cit­erai pas une anec­dote, mais je partage avec vous une con­stata­tion que j’ai faite au fil de mes recherch­es : la comédie musi­cale est défini­tive­ment un élixir de jou­vence ! Les créa­teurs de la comédie musi­cale vivent très très longtemps. Irv­ing Berlin, com­pos­i­teur de génie, un des cinq piliers de la comédie musi­cale, qui est devenu une référence de la musique du XXème siè­cle, est mort à 101 ans. Et ce n’est pas le seul ! Mais ce n’est mal­heureuse­ment pas le cas du regret­té Michel Legrand, autre génie qui vient de nous quit­ter. Heureuse­ment ses mélodies et notam­ment celles qu’il a com­posées pour Jacques Demy con­tin­ueront de vivre en nous.

Avez-vous un film à nous recom­man­der, qu’il ne faut pas oubli­er dans notre liste ?
La ques­tion est cru­elle, il y a telle­ment de mer­veilles, c’est un crève cœur. S’il faut absol­u­ment choisir, ce serait peut-être It’s Always Fair Weath­er (Beau fixe sur New York, S. Donen, G. Kelly,1955), pour son tal­entueux duo de scé­nar­istes Bet­ty Com­den et Adolph Green, (scé­nar­istes égale­ment de Sin­gin’ in the Rain); pour le trio Gene Kel­ly, Michael Kidd, Dan Dai­ley, qui réalise un numéro de cla­que­ttes épous­tou­flant avec cha­cun un cou­ver­cle de poubelle au bout du pied gauche ; pour Cyd Charisse qui y danse un bal­let, dans une salle de boxe, à la fois mag­nifique et drôle, tout en étant pro­fondé­ment fémin­iste : « Baby, You Knock Me Out ».

Avez-vous prévu la suite de ce dic­tio­n­naire ? Quel ouvrage est en préparation ?
Cette année, deux comédies musi­cales sont en com­péti­tion aux Oscars : A Star is Born (B. Coop­er, 2018) avec une Lady Gaga, qui a de fortes chances de rem­porter la pré­cieuse stat­uette et le très réus­si Mary Pop­pins Returns (Le retour de Mary Pop­pins, R. Mar­shall, 2018). Ce n’est pas arrivé depuis longtemps. En France, les choses frémis­sent égale­ment, le CNC (cen­tre nation­al du ciné­ma et de l’image ani­mée) a, par exem­ple, décidé de soutenir la comédie musi­cale en 2019. Si comme nous sommes nom­breux à l’espérer, on voit de plus en plus de comédies musi­cales dans les salles, je devrais for­cé­ment faire une mise à jour.

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