Plongée haute en couleur dans les bas-fonds de Soho. Monsieur Peachum, qui fait de la pauvreté son fonds de commerce, s’enrichit sur le dos de mendiants s’évertuant à éveiller la compassion des passants. Ces rues sont aussi le domaine de Mackie-le-Surineur, petit truand aux compétences multiples. Au grand dam de ses parents, Polly Peachum n’aime pas les bons partis : elle se marie avec Mackie. Mais le bonheur de la belle ne durera pas…
À travers ce projet, la compagnie L’Écho des Tiroirs souhaite proposer une approche joyeuse, énergique et décalée de ce “monstre” du théâtre musical, dans une volonté de le rendre accessible, intelligible et frappant pour le spectateur.
Notre avis : L’annonce en cours de saison de l’arrivée de L’Opéra de quat’sous au Théâtre des Marronniers à Lyon a été une surprise agréable. Autre surprise, c’est la toute jeune compagnie L’Écho des Tiroirs, qui s’empare de cette œuvre quasi centenaire. Ses membres se sont rencontrés il y a quelques années en se formant auprès de l’école Arts en Scène et ils s’orientent vers un théâtre pluridisciplinaire.
L’Opéra de quat’sous se déroule dans le quartier de Soho à Londres, où des personnages peu recommandables vont s’affronter indirectement. Jonathan Peachum, qui exploite un réseau de mendiants, ne peut supporter que sa fille Polly soit tombée sous le charme de Mackie, un truand coureur de jupons. Le ton mordant de l’œuvre de Kurt Weill et Bertolt Brecht reste d’actualité. Les comédiens-chanteurs prennent visiblement plaisir à se lancer des piques et des leçons de morale à géométrie variable.
Lorris Dessard est à la manœuvre à la mise en scène et au piano, et joue également des petits rôles. Il annonce avec humour les titres évocateurs des chansons. Seul homme sur scène, il laisse le soin à ses partenaires féminines d’incarner les rôles masculins. Les comédiennes sont remarquables, y compris dans la peau d’hommes pourtant peu tendres avec les femmes. On prend plaisir à écouter les chansons interprétées en français et elles sont parfois accompagnées de chorégraphies décalées réjouissantes.
La mise en scène fait se croiser avec fluidité les huit artistes sur un espace réduit comprenant un piano. Ce piano, qui accompagne les chansons, est justement un élément central et original de la scénographie. Il est joliment habillé de bouts de planches, ce qui lui permet de représenter plusieurs éléments comme une table. Son couvercle est régulièrement ouvert afin de présenter des accessoires illustrant différents lieux.
Le spectacle fait le plein en rassemblant plusieurs générations de spectateurs… de l’ordre de 27 à 77 ans ! Avec ces jeunes talents, L’Opéra de quat’sous n’a toujours pas pris une ride.