À l’heure où le déconfinement s’accélère, la question de la reprise du spectacle vivant continue de se poser. Depuis plusieurs semaines déjà, on voit passer sur les réseaux sociaux une image éloquente qui compare la cabine d’un avion rempli de passagers avec la salle vide d’un théâtre : d’un côté, la distanciation physique n’est pas respectée ; de l’autre, comme elle est considérée inapplicable, le lieu où devrait s’épanouir la culture est contraint à la fermeture.
Au lendemain du discours du président de la République qui annonce un assouplissement des règles sanitaires à l’école et dans la restauration – avec, notamment, en Île-de-France, la possibilité d’accueillir à nouveau des clients dans des salles fermées –, on s’interroge… d’autant plus que la situation dramatique du monde de la culture n’est pas évoquée un seul instant. « Nous allons pouvoir retrouver le plaisir d’être ensemble, de reprendre pleinement le travail, mais aussi de nous divertir, de nous cultiver », indique tout au plus le chef de l’État.
Pourtant, un communiqué lui avait été adressé quelques jours auparavant par les entrepreneurs du spectacle vivant, réclamant « un déconfinement total et sans distanciation pour une reprise véritable ». « Il faut déconfiner le spectacle vivant », exige le Prodiss, première organisation patronale du spectacle musical dans le privé, dans ce communiqué cosigné par d’autres organismes représentant les salles, les festivals, les théâtres privés, les cabarets…
Quitte à assumer les éventuels risques de contact avec le virus dans les cafés, les trains, les lycées… pourquoi pas aussi dans les théâtres ? L’incohérence, la disparité de traitement avec d’autres activités socio-économiques s’avère injuste. Et s’ajoute au flou qui règne depuis le début de la crise sanitaire en matière d’aide au secteur de la culture. Face à ce manque de visibilité et à cette difficile gestion des normes sanitaires au regard des coûts des représentations, une grande maison comme l’Opéra de Paris a choisi de ne rouvrir que mi-novembre, tandis qu’à l’autre bout du spectre un théâtre privé comme la Comédie Nation reprend sa programmation dès le 22 juin – date officielle de reprise autorisée en zone orange – avec distanciation physique, en prévenant : « Le nombre de places est limité. Dans le respect des règles sanitaires en cours, le port du masque et l’utilisation du gel hydroalcoolique seront obligatoires. Les artistes ne seront pas masqués. » Si certains festivals d’été ont d’ores et déjà jeté l’éponge, pour d’autres, l’attente est insoutenable… et la situation à la rentrée de septembre, qui se prépare maintenant, n’est pas plus claire.
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