Avec La Fin du début (nouveau titre du spectacle Seras-tu là ?), le comédien Solal Bouloudnine nous plonge dans l’univers d’un enfant des années 90 qui réalise, comme tous les enfants avant et après lui, que tout a une fin, à commencer par la vie. Nous traversons avec lui une vie marquée par l’angoisse de la fin, dans une comédie touchante et vertigineuse.
Une bouchère bourguignonne, un chirurgien facétieux, un rabbin plein d’histoires, une maîtresse en burn-out, France Gall… À travers une galerie de personnages un peu fous et au son des chansons de Michel Berger, on rit avec Solal Bouloudnine de l’atrocité du cancer, des maladies vénériennes et cardiovasculaires, gastriques aussi, et cérébrales, de la solitude qui le ronge terriblement, de l’incommunicabilité entre les êtres, de l’enfance insouciante et naïve qui s’en est allée à jamais, viciée par les assauts du monde insurmontable, injuste et cruel.
Notre avis : Si vous souhaitez découvrir une version orientale de « Le monde est stone », extrait de Starmania, ce spectacle est fait pour vous. Il faut dire que la musique de Michel Berger et la vie de l’artiste comptent particulièrement pour Solal, à tel point que le comique en a conçu ce one-man-show particulièrement dynamique et décapant.
Se jouant de la temporalité avec une belle maîtrise, Solal Bouloudnine explore la finitude des choses, inspiré en cela par le décès brutal de son idole, dont le domicile de Ramatuelle jouxtait le sien. Décès qui lui ouvre les yeux sur ce traumatisme qu’il trimballe, et contre lequel il cherche diverses solutions, toutes plus hilarantes (et grinçantes) les unes que les autres.
Les diverses finitudes de la vie passent en revue, ainsi celle, là aussi inspirée par Michel Berger, de son abandon par Véronique Sanson, partie s’acheter des cigarettes… La galerie de personnages, indispensable pour ce type de spectacle, se révèle très drôle, l’humour poussé à l’extrême fonctionne à plein auprès du public qui en redemande. Le comédien, également co-auteur des textes, ne ménage pas ses efforts. Sa prestation, très physique, se situe dans la chambre d’enfant – enfance qu’il n’aimerait sans doute jamais quitter. D’ailleurs le visage du comédien conserve des traits enfantins.
La partie musicale complète le tableau par le biais d’extraits de chansons du duo Gall/Berger, voire d’extraits de sa musique de film (Tout feu, tout flamme), d’émissions. Vous pourrez y voir le jeune Michel tout jeunot lors d’une prestation télévisée ou entendre l’interview, absolument insensée et que vous trouverez en bas de cet article, de France Gall le jour du décès de son compagnon, durant laquelle elle relate, hilare, les prédictions d’un voyant qui lui promet l’immortalité…
En résumé, un spectacle que nous ne saurions que vous recommander si vous souhaitez passer un moment où le rire le plus absolu se mêle à une indicible pudeur, mélange détonnant qui permet à Solal d’avancer, nous entraînant dans son sillage.