De Guétary il est question ici, mais pas de Georges, plutôt du village basque (que le chanteur avait choisi, d’ailleurs, pour nom de scène). Dans la gare de ce patelin, il ne se passe jamais rien : voilà ce que nous indique la narratrice qui ponctue les diverses plages du CD. Ainsi, impossible pour l’auditeur d’être perdu : il vous est donné de vivre intensément cette intrigue diabolique !
Soit une histoire où le Diable, facilement corruptible (son plus grand souhait étant de se rendre à Paris dans les endroits canailles), promet le succès à deux godelureaux qui tentent de séduire quelques donzelles. Pastiche de Faust, tout est ici sujet à rire. Autant dire que Satan en sera pour ses frais, totalement refait par les carabistouilles des humains particulièrement retors. Personnages plus caricaturaux les uns que les autres, intrigue qui part facilement en vrille, située en prime dans un Pays basque de carte postale (Paris ne s’en tire pas mieux !)… Les auteurs s’en sont donné à cœur joie et le compositeur est au diapason.
Le livret de Robert de Flers, Francis de Croisset et Albert Willemetz reflète cette époque où les œuvres musicales n’étaient pas méprisées, mais le moyen d’amuser les spectateurs avec malice. « Le Couplet d’André » et « Trio » qui lui emboîtent le pas sont deux exemples de tout ce que l’on aime dans cette écriture spirituelle, avec un second degré irrésistible. Entre autres perles, nous vous conseillons également le titre « Proserpine ». Une fantaisie qui ne demande qu’à être redécouverte.
D’autant que, une fois encore, toute la troupe réunie par les sensationnelles Frivolités Parisiennes fait merveille dans la résurrection de ce musical de 1927 complètement farfelu déniché par l’indispensable Christophe Mirambeau, conseiller artistique de la compagnie et qui n’a pas son pareil pour exhumer des œuvres épatantes. Un CD joliment réalisé, incluant les paroles des diverses chansons et un entretien avec Benjamin El Arbi et Mathieu Franot, fondateurs des Frivolités. Nous y apprenons, par exemple, que pour reconstituer l’œuvre, il leur a fallu énormément de temps puisqu’ils ne pouvaient que se baser sur un enregistrement des années 60 pour établir le livret et l’orchestration. Des chansons irrésistibles, idéales pour alléger une époque un peu lourde. En outre, ce disque devrait être suivi par d’autres enregistrements. Voilà une promesse qui n’a, fort heureusement, rien de frivole !
Pour aller plus loin, nous vous conseillons de visiter la page de France Musique, partenaire de cette sortie discographique.