Le Fantôme de l’Opéra

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Théâtre Antoine – 14, boulevard de Strasbourg, 75010 Paris.
Du 22 octobre 2025 au 11 janvier 2026.
Renseignements et réservations en cliquant ici.

Le légendaire Fantôme de l’Opéra arrive en France dans une toute nouvelle production au Théâtre Antoine à Paris. L’œuvre iconique de Gaston Leroux renaît sous la forme d’un spectacle musical moderne et envoûtant.

Un opéra hanté, un fantôme masqué, une jeune cantatrice, un triangle amoureux... Entre rires, larmes, suspense et chansons originales, venez découvrir cet opéra-théâtre populaire inédit... une relecture audacieuse du Fantôme de l’Opéra, dans un écrin fabuleux et pour un public intergénérationnel !

Notre avis : Un spectacle français tiré d’un roman français, une adaptation différente, moderne, familiale, proposant une nouvelle lecture du texte de Gaston Leroux. Voilà ce qui a guidé Benoit Solès et son équipe à créer en cette rentrée 2025 une nouvelle version du Fantôme de l’Opéra. Une idée audacieuse, mais un pari risqué.

Passons sur deux difficultés majeures : celle d’abord d’oublier l’œuvre d’Andrew Lloyd Webber… Une gageure, tant « Masquerade », « The Music of the Night », le lustre géant – entre-autres – sont dans tous les esprits. Celle, ensuite, de la contrainte de la durée, obligeant les équipes à résumer en une heure vingt le roman, pour nous concentrer sur l’essentiel, ce nouveau Fantôme.

Dans le petit écrin chaleureux du Théâtre Antoine, dont l’architecture intérieure rappelle le Palais Garnier, nous voilà donc plongés au cœur de l’Opéra. Les lumières tremblent, l’ambiance sonore inquiète, l’atmosphère est là et la tension palpable. La célèbre intrigue peut commencer. Palliant l’absence de décors, une scénographie permet intelligemment de passer d’une loge aux toits de Paris. Simple mais efficace. Suffisant en tout cas pour suivre Raoul, Christine et ce fameux Fantôme dans les méandres de l’Opéra autant que dans leur triangle amoureux. Car c’est sur ce dernier aspect que le spectacle se focalise principalement. Délaissant les détails inutiles, il se concentre sur les parcours, les sentiments et la psychologie des héros. L’emprise d’un « ange de la musique » malsain, la sincérité touchante du vicomte, le tiraillement de Christine entre ces deux hommes, le récit va à l’essentiel. Là aussi cela fonctionne, principalement grâce à des artistes vocalement irréprochables.

Qu’ils n’aient rien à prouver ou qu’ils soient nouveaux venus, tous assurent parfaitement. Bastien Jacquemart (le Fantôme) campe à merveille un être torturé, plus complexe que ce que l’on croit, la voix d’Ana Ka (Carlotta) s’envole, Louis Buisset, jeune vicomte amoureux, révèle un vrai charisme et un talent vocal, « Aimer ne se conjugue pas au passé », tandis que Fabian Richard apporte, sans surprise, un humour bienvenu – et une respiration– tant dans ses chansons que dans son interprétation du directeur. Chacun dans leur registre, ils livrent des performances impeccables qu’il faut saluer. Comme on salue l’émouvant et magnifique « Demandez le programme » de Catherine Arondel (l’ouvreuse), pourtant rôle secondaire, ou le trio final « C’est l’heure du choix » réunissant Maélie Zaffran (Christine), Fabien Jacquemart et Louis Buisset : la puissance des voix, le suspense et la mise en scène procurent indéniablement des frissons.

S’il faut saluer une véritable pièce de théâtre musical, faisant la part belle au jeu et à la comédie, le livret manque, cependant, clairement de consistance. À cette vraie faiblesse s’ajoute une bande-son particulièrement inégale. Et c’est là que le bât blesse vraiment. Car si l’on reconnaît le courage d’une création –pourquoi Lloyd Webber aurait-il le monopole ? – et si certains airs amènent une réelle émotion, d’autres s’apparentent davantage à des tubes « marketés », spécialités des spectacles français. Quant à faire apparaître la Carlotta sur de la techno, noyée de jeux de lumières électro, ou faire chanter le directeur sur de la pop, doublée d’une chorégraphie aussi inutile que simpliste, cela montre les limites du genre. C’est regrettable. Mais cela ne semble pas avoir perturbé les plus jeunes au sortir de la salle. La nouvelle génération semble conquise.
Les fantômes ont de beaux jours devant eux…

(c) Alice Casenave

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