Une fable ? Une épopée ? Un rêve éveillé ? Cette forme renouvelée et inédite de l’opéra traditionnel chinois est ici augmentée par du « théâtre optique ». Un véritable livre ouvert inspiré du célèbre roman du XVIe siècle de Wu Cheng’en La Pérégrination vers l’Ouest, où les aventures d’un singe immortel et de son maître, moine bouddhiste, croisent la route d’une jeune fille d’aujourd’hui, dans leur voyage vers l’Occident.
Olivia a 10 ans. Elle est angoissée par le monde extérieur qui lui semble rempli de dangers et ne trouve l’apaisement que dans sa chambre et surtout dans la littérature. Un livre l’inspire et la passionne particulièrement : La Pérégrination vers l’Ouest. Alors que sa mère commence à lui lire l’épisode dans lequel Wu-Kong, le singe immortel, doit affronter la princesse à l’éventail de fer, l’univers fantastique de cette histoire se déploie dans sa chambre, au point où la réalité et la fiction commencent à se confondre. Et si ce récit initiatique donnait à Olivia une clé, pour résoudre tous les problèmes que notre société contemporaine traverse ?
Écrite comme une fable traditionnelle inscrite à l’intérieur d’une fiction contemporaine, cette co-création met en dialogue le passé et le présent, l’Asie et l’Occident, la tradition et les technologies. Jeu de miroir entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, ce spectacle musical aux costumes et maquillages incroyables met en relief avec poésie, l’universalité de certains récits qui continuent à prendre sens, même plusieurs siècles plus tard. Certaines questions, changent de formes et d’apparences à travers le temps, mais ne font qu’éternellement se reposer à nous.
Notre avis : L'Éventail de fer s'inspire d'un épisode du volumineux roman de Wu Cheng’en La Pérégrination vers l’Ouest. Sa transposition dans l'univers de l'opéra de Taïwan est le fruit d'une collaboration fructueuse entre Nicolas Boudier, Joris Mathieu et la GuoGuang Opera Company.
La jeune Olivia s'endort alors qu'on lui conte l'histoire de l'affrontement entre Wu-Kong, le singe immortel, et la princesse à l’éventail de fer. Cette nuit la marquera, ainsi que les spectateurs. Wu-Kong part à la rencontre d'une princesse afin qu'elle utilise son éventail magique pour protéger un territoire d'un feu dévastateur. Or, la princesse est rongée par un désir de vengeance et compte fournir un éventail maléfique à la place de son éventail de fer... Un des temps forts sera l'apparition des clones du singe Wu-Kong pour combattre la princesse à l'éventail. Un épisode qui aurait pu s'intituler "L'Attaque des clones" si le titre n'avait pas déjà été exploité !
Les personnages sont formidablement incarnés par une troupe charismatique. Ces êtres mystérieux dotés de pouvoirs sont familiers pour les amateurs de films d'arts martiaux et de contes asiatiques, tout comme les belles musiques de cet opéra oriental. Pour les autres, le pas n'est guère difficile à franchir !

Le spectacle est un régal sur le plan visuel. Les costumes et les maquillages hauts en couleur sont magnifiques. Les acrobaties et les combats sont impressionnants. Que dire de la scénographie ? Un ingénieux système de "théâtre optique" se joue du spectateur en entremêlant les personnages et décors réellement présents sur scène et ceux qui sont seulement projetés. La frontière entre réalité et fiction, passé et présent est souvent ténue. Un art traditionnel, l'opéra de Taïwan, est relié au monde moderne par l'usage de technologies récentes mais également par des références à des situations actuelles. Notre monde est présenté comme étant en feu sous différents aspects (conflits, climat...). Sans en dire trop, le spectacle va soulever des questions fortes et proposer des éléments de réponse.
L'Éventail de fer captive les plus jeunes malgré le barrage potentiel des surtitres dans les séquences en mandarin. Les plus grands se laissent embarquer comme eux dans ce voyage palpitant dans le temps et dans l'espace.