Musique : Harry Warren.
Lyrics : Al Dubin.
Livret : Michael Stewart & Mark Bramble.
Notre avis : À mi-chemin entre la comédie musicale et la revue, 42nd Street met en scène une armada de danseurs, des costumes et décors à foison, dans une dizaine de grands tableaux. Le rideau est à peine levé que le spectateur est conquis par une ouverture mythique : une cinquantaine de danseurs à claquettes rythment de façon syncopée le thème principal (si vous ne la connaissez pas, regardez cette vidéo captée lors de la production anglaise de 1985). La suite déroule une intrigue classique de jeune surdouée et naïve qui « monte » à New York et devient la star d’un show de Broadway. C’est surtout le prétexte à montrer “le show dans le show” sous forme d’interludes de revue spectaculaires ne faisant pas progresser la narration, ce qui conviendra parfaitement aux non-anglophones. L’intensité des tableaux va croissant jusqu’au final qui est un véritable feu d’artifice.
Les chansons sont des standards des années 30 que chacun a forcément entendus quelque part, dont le thème principal issu du film éponyme de 1933. Les célébrissimes “Beautiful girls”, “We’re in the money”et surtout “Lullaby of Broadway” proviennent de Dames et Gold Diggers réalisés dans la même veine les années suivantes. Bien ancrées dans leur temps, toutes illustrent de façon charmante l’Amérique résolument optimiste malgré la Grande Dépression. Le show préserve cet entrain forcené ainsi que l’esprit des chorégraphies kaléidoscopiques originales.
Le revival londonien débute dix ans après celui de Broadway et quelques mois après la production du Châtelet. La tête d’affiche est Sheena Easton, star des eighties interprète de “For Your Eyes Only” (thème de James Bond) et “Morning Train” (plus connu en France comme “L’Amour c’est comme une cigarette” par Sylvie Vartan). Les producteurs de West End aiment recycler les vedettes pop, comme l’an dernier Marti Pellow, ex-chanteur de Wet Wet Wet peu convaincant dans Evita. Dans le rôle de Dorothy Brock, une diva sur le déclin qui surjoue jusqu’au ridicule, on ne sait si Sheena Easton excelle ou reste juste naturelle. Il est aussi énervant qu’on lui ait aménagé une scène supplémentaire sans intérêt et qu’elle parade en dernier pour les applaudissements quand Clare Halse (Peggy Sawyer), mieux créditée pour le théâtre musical, fait le plus gros du travail avec classe et brio !
Un autre point est à noter : le public anglais n’est pas aussi démonstratif que le public américain qui encourage et applaudit spontanément à chaque “performance” de la troupe, lui transférant énergie et envie de se dépasser. Quand vous serez dans la salle, n’hésitez pas à manifester votre enthousiasme et ainsi entraîner vos voisins et le reste de la salle, votre expérience de 42nd Street n’en sera que meilleure !