Livret : Stephen Schwartz et Nina Faso
Musiques et lyrics : Craig Carnelia, Micki Grant, Lin-Manuel Miranda, Mary Rodgers & Susan Birkenhead, Stephen Schwartz & James Taylor
Mise en scène : Luke Sheppard
Résumé : le spectacle est une adaptation musicale d’un recueil de témoignages réels sur la vie professionnelle, le plus souvent par des gens en bas de l’échelle : petits employés, techniciens de surface, agents de construction… Réalistes sur le peu de considération dont ils jouissent, ils n’en restent pas moins idéalistes et fiers du travail difficile accompli. Sans faire de morale ni de misérabilisme, l’oeuvre est une ode au respect malgré les différences et l’affirmation que chaque vie vaut d’être vécue.
Notre avis : on ne peut rester insensible aux thèmes universels abordés par cette courte pièce musicale et à la somme de talents ayant contribué à son écriture en constante évolution depuis sa création en 1977. En 90 minutes sans entracte, pas moins de 40 personnes se présentent, dont une douzaine en chansons. Un peu sur le mode d’Assassins ou de Chorus Line, la cohérence se construit par touches successives jusqu’au message final. L’enchaînement est très bien construit et le tout parfaitement bouleversant. Certains personnages vous tirent des larmes, notamment les plus âgés, nostalgiques d’une vie de labeur pourtant extrêmement dure.
La troupe mêle six “anciens” qui témoignent, en monologues ou en chansons, et six jeunes qui les interviewent, en chorale ou suivant des chorégraphies très expressives et fort bien réglées. La mise en scène de Luke Sheppard (In The Heights, Murder For Two) est — n’ayons pas peur des mots — géniale et, bien que complexe dans un espace aussi restreint, exécutée sans faute. La signature visuelle est la tache de cambouis — tout le monde est un peu sale, y compris le décor — et c’est normal puisque ceux qui travaillent vraiment doivent y mettre les mains.
Les artistes interprétant les anciens épatent par leur voix, leur jeu et leur charisme ; les jeunes animent les tableaux de façon dynamique ou tendre selon la tonalité du témoignage. Le vétéran Peter Polycarpou (créateur du rôle de John dans Miss Saigon et Domingo Mercante dans la version cinématographique d’Evita) mérite d’être cité puisqu’il ouvre et ferme la pièce et représente avec authenticité l’aïeul idéal universel, plein de bienveillance et résolument optimiste, fier d’une vie ordinaire et courageuse.