L’Oral et Hardi

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Théâtre de la Bastille, Théâtre de la Bastille – 76, rue de la Roquette, 75011 Paris.
Du 1er au 24 juin 2022 à 20h. Relâche les dimanches et le 6 juin.
Renseignements sur le site du théâtre. Billetterie disponible ici

Saoulés de dis­cours, de points de vue, d’opinions, saoulés de straté­gies, défaits des petites phras­es, des réac­tions, des sondages, rincés de toutes les pris­es de paroles et mal­gré tout on remet ça, L’Oral et Har­di – soign­er le mal par le mal et avec l’apostrophe ! La log­or­rhée comme dépu­ratif, sans retenue. Admin­istr­er l’allocution poé­tique. L’Oral et Har­di dans tous les théâtres, en plusieurs dos­es et sous l’assistance res­pi­ra­toire de Jean-Pierre Ver­heggen, mon­u­ment, maître phénomé­nal de l’assonance et du jeu de mots, vrai-faux char­la­tan de la poésie : embar­quez-vous pour ne plus vous taire, hurle Ver­heggen dans les tour­mentes. C’était d’un autre temps déjà, hérité des hyper­boles gauchistes, et cette démesure-là nous ras­sure. L’excès ne nuit pas toujours.

Notre avis : Com­ment ? Un spec­ta­cle de poésie – belge de sur­croit – drôle, intel­li­gent, mené par un bateleur hors norme ?

Eh oui, c’est bien tout cela qui attend chaque har­di spec­ta­teur qui ouvri­ra grandes ses esgour­des pour se délecter de cette allo­cu­tion à par­tir de textes de Jean-Pierre Ver­heggen. Le comé­di­en partage une con­nivence jubi­la­toire avec cet auteur, ain­si que le goût du détourne­ment et du lap­sus plus que révéla­teur. Si vous avez eu la chance d’assister à la créa­tion de ce spec­ta­cle, voilà dix ans, cette ver­sion revis­itée vous enchantera à coup sûr. Et si, chanceux que vous êtes, décou­vrez le spec­ta­cle, vous aurez du mal à résis­ter à l’humour incisif, à ces jeux sur les mots qui pétil­lent comme meilleur champagne.

L’intelligence de la mise en scène, avec une scéno­gra­phie totale­ment inté­grée au réc­it, par­ticipe de la réus­site de ce spec­ta­cle qui s’ouvre, et ce n’est point divul­gâch­er que de l’annoncer, par une allo­cu­tion désopi­lante d’un élu venu présen­ter le spec­ta­cle et qui attend donc le comé­di­en qui va l’interpréter. Déli­cieuse mise en abyme pour Jacques Bon­naf­fé dont la fougue, la folie bur­lesque et l’énergie bal­aient tout sur leur pas­sage, pour mieux faire ressur­gir tous les tra­vers de l’âme humaine.

Là, l’auteur de ses lignes se trou­ve coincé. Oui, il aimerait s’enivrer de jeux de mots aus­si dro­la­tiques et sub­tils, mais las… voilà que la « chronique poé­tique » se dérobe. Con­clu­ons donc avec un style plus clas­sique. Certes le spec­ta­cle n’est pas pure­ment musi­cal –même si la musique y joue un rôle par­ti­c­uli­er –, mais cette poésie, dite ain­si, n’est autre que musique, et des plus belles !

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