À trois siècles de distance, deux histoires se trouvent et se mêlent pour qu'au final une femme parle en son nom et au nom de toutes les autres.
Un spectacle féministe, humaniste et amoureux sur l'une des grandes figures de la Révolution française, Olympe de Gouges, passée par la guillotine de l'histoire et de l'oubli. Florence, figure plus modeste de notre histoire contemporaine, convoque les écrits d'Olympe et y mêle sa propre vie, ses aventures, ses combats, ceux de beaucoup de femmes encore, aujourd’hui. Un spectacle joyeux et lucide.
Notre avis (représentation du 27 novembre 2025) : Longtemps reléguée au silence de l’histoire, Olympe de Gouges – figure majeure et pourtant méconnue du féminisme français – connaît depuis la fin du XXᵉ siècle un regain d’intérêt, jusqu’à l’hommage officiel qui lui est rendu lors des Jeux olympiques de Paris de 2024. C’est dans ce sillage que s’inscrit ce seule en scène, porté par Florence, comédienne à la mémoire vacillante, qui tisse un parallèle troublant entre son propre parcours et celui de l’auteure d'une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Le spectacle fait dialoguer la voix d’aujourd’hui avec celle d’hier, et n’hésite pas à égratigner la suprématie masculine – Robespierre en prend pour son grade, commanditaire de l’exécution d’Olympe. En mêlant textes, souvenirs et combats, la pièce questionne avec acuité l’héritage féministe de cette pionnière désormais réhabilitée.
Florence/Véronique Ataly joue, harangue et interpelle le public avec une verve exceptionnelle. À partir d’un « trou » dans son texte, elle tisse une réflexion fine, piquée d’humour et d’autodérision, qui donne immédiatement envie de se laisser embarquer dans ce voyage autobiographique... voire presque de faire un bond au XVIIIᵉ siècle (c’est dire !).
L’écriture, habile et finement ciselée, se permet parfois quelques digressions, vite rattrapées par le charme et la candeur irrésistibles de Véronique. Qu’elle se risque à chanter a cappella ou qu’elle s’autorise quelques audacieux pas de danse, le public sourit, conquis par sa générosité et ses multiples talents.
Si la représentation évoque souvent la guillotine et le sort tragique d’Olympe, on en ressort revigoré, avec en tête la ritournelle de « la boxeuse amoureuse » – un mélange de sourire et de rébellion qu’on n'est pas prêts d’oublier.


























