Nous sommes en 2050 après J.-C. Tous les lieux de culture ont fermé. Tous ? Non ! Un théâtre occupé par d’irréductibles musiciens résiste encore et toujours à la disparition du « live ». Aéron, Lowen et Nessia sont bien décidés à faire revivre le concert et l’opéra tel que les générations précédentes ont pu l’entendre.
Notre avis : En 2050, le monde a vécu plusieurs bouleversements. Le monde d’après laisse peu de place à l’art, dont la musique, tout juste tolérée dans l’espace privé. Le spectacle vivant a disparu mais quelques passionnés tentent de reconstituer un opéra, souvenir d’un monde d’avant qu’ils n’ont pas connu. L’univers aseptisé décrit par Pierre-Alain Four dans Orphée 2050, à la recherche du chant perdu est évocateur et permet à l’ensemble Brins de Voix de présenter l’opéra hors d’un cadre classique.
Caroline Adoumbou, Fanny Mouren et Louis Gal incarnent ces personnages qui se lancent le défi de préparer secrètement un opéra avec un public également « rebelle ». Le spectateur est pris à témoin, comme membre à part entière de ce projet fou. Différents lieux qui ne sont plus utilisés en 2050 (un hall d’immeuble, un théâtre…) sont exploités par cette équipe. Dans un espace quasiment nu, la mise en scène de Bernard Rozet joue habilement des jeux d’éclairage et de l’imagination du spectateur pour recréer ces sites fermés vestiges d’un autre temps.
Les personnages s’interrogent sur l’art lyrique, son histoire, ses codes… L’ensemble Brins de Voix réussit à faire découvrir ou redécouvrir agréablement l’opéra, sans donner le sentiment de suivre un cours magistral. L’occasion est belle de parcourir un répertoire séduisant : Mozart, Offenbach, Verdi, Bizet… Les œuvres retenues et leur interprétation permettent de toucher à la fois les passionnés d’opéra et les spectateurs se lançant dans la découverte de cet art. Malgré un point de départ à priori anxiogène, le spectacle s’attache à ne pas être pesant et distille des touches d’humour appréciables, notamment en présentant des publicités de 2050. Le contraste entre le plaisir procuré par le spectacle et son univers sombre est d’ailleurs marquant. On restera sur l’idée qu’Orphée 2050 apporte au final une belle note d’espoir.