Notre avis : Le Châtelet nous propose dans le cadre de ses Folies musicales un rendez-vous marquant avec la musique allemande de l'entre-deux-guerres. L'Orchestre de chambre de Paris dirigé par la violoniste (et cheffe d'orchestre) Carolin Widmann ouvre la soirée en interprétant le Concerto pour violon de Kurt Weill, créé à Paris il y a tout juste cent ans. Cette œuvre rarement donnée a été l'occasion d'apprécier le talent de Carolin – chaleureusement applaudie par une salle véritablement conquise par sa virtuosité – et par sa générosité !
Ce fut ensuite L'Anniversaire de l'Infante de Franz Schreker, autre rareté d'une incroyable modernité, interprétée avec fougue par un orchestre manifestement très inspiré par ce programme.
Le troisième volet de la soirée, Suite de Weimar (constitué d’une sélection de morceaux arrangés pour voix et orchestre), nous a permis de retrouver Ute Lemper que nous n'avions pas applaudie depuis presque vingt ans sur une scène parisienne. L'émotion de ces retrouvailles semblait palpable. L'artiste en grande forme, au-delà de la musique, trouva les mots justes pour nous faire partager son inquiétude sur le monde actuel… plus que tourmenté, qui résonne étrangement avec les années 30-40.
Ce voyage musical en sa compagnie – hélas trop court – nous a cependant permis d'entendre des standards tels que "Just a Gigolo", "The Man I love", "Lili Marleen" et "Mack the Knife", avec un plaisir non dissimulé. D'autres titres moins connus (dont "Münchhausen" d'Holländer) figuraient également au programme. Celle qui nous a fait vibrer dans Cabaret ou dans Chicago a conservé la grâce, le talent et l’élégance qui la caractérisent : elle nous avait réellement manqué ! Cette belle soirée confirme, par la diversité de ses programmes, que le Châtelet sait mettre à l'honneur des musiques variées, répondant ainsi à l'attente d'un public curieux et toujours attentif.