Stéphane Laporte, le maître des mots en musique

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Entre deux représentations de Dolores actuellement au Théâtre La Bruyère, nous avons rencontré Stéphane Laporte, auteur et adaptateur de pièces essentiellement musicales. Artisan de l’ombre et magicien des mots, son palmarès est impressionnant depuis sa première adaptation en 2000 de Titanic à l’Opéra de Liège.

Vous êtes depuis vingt-cinq ans l'un des spécialistes reconnus dans le monde de la comédie musicale. Comment vous est venue cette passion ?
Très tôt je crois. Originaire du sud-ouest, je venais tout jeune régulièrement à Paris où je voyais des spectacles d'opérette. J'ai entre autres le souvenir de Volga de Francis Lopez au Châtelet. Puis la découverte de la comédie musicale s'est faite aux États-Unis dans les années 90 avec Le Fantôme de l'Opéra. Company fut le spectacle choc qui m'a complètement fait vibrer. Cette œuvre maîtresse de Sondheim (actuellement en tournée) a été une source de joie, puisque j'ai eu l'opportunité d'en faire l'adaptation en français.

Vos études ont-elles constitué une aide pour parvenir à vos activités d'écriture ?
Certainement ! J'ai obtenu une maîtrise en anglais, suivie d'un long séjour de trois ans à l'université en Californie. Mon galop d'essai en tant qu'adaptateur consista à m'attaquer à l'ouvrage de Maury Yeston Nine, version qui sera par la suite présentée au Cours Florent.

Quid de vos études musicales ?
J'ai étudié le piano et naturellement j'en joue. En effet, être parolier implique de connaître également la musique, afin de mettre les mots les plus justes et les plus proches de l’original. Et surtout de sentir comment les mots « tombent » le mieux sur la musique existante.

Nous parlions de votre "palmarès impressionnant" ; quels sont les ouvrages les plus précieux à votre actif ?
Ils sont nombreux ! Bien sûr Titanic puisque le chemin s'est dessiné avec cet ouvrage. Autre grande aventure, celle du Roi lion qui entame sa cinquième saison à Mogador, après une première exploitation de trois ans en 2013. Je pense également à Un violon sur le toit, sans oublier My Fair Lady, West Side Story, Hairspray, Mamma Mia!, Fame... Du côté des créations originales : Panique à bord, 31, Exit. Les livrets de Salut les copains ou de Love Circus restent des souvenirs mémorables. Je garde tout autant un excellent souvenir du charmant I Do, I Do qui rencontra au passage un joli succès. Dans un registre plus dramatique, ma collaboration avec Jeanne Moreau pour adapter la pièce Un trait de l'esprit demeure une incroyable rencontre !

Une ou deux déceptions cependant ?
Un projet qui me tenait particulièrement à cœur : Le Baiser de la femme araignée n'a, hélas, pas encore pu se monter. Le sera-t-il un jour ? Je le souhaite ardemment ! Il s’agit d’une œuvre forte et tellement aboutie quelle le mériterait grandement. C'est certainement l'un des meilleurs musicals de Kander et Ebb (Cabaret), tous les deux au sommet de mes compositeurs favoris (avec Sondheim).

Vous avez au fil de ces années rencontré des personnes qui se sont avérées déterminantes, à qui pensez-vous en particulier ?
Je ne peux hélas pas tous les nommer, mais me viennent en tête Suzanne Sarquier (de l'agence Drama), Jean-Louis Grinda, Virginie Lemoine, Gaétan Borg, Yann Guillon... Les différentes aventures musicales et théâtrales m'ont de plus offert l'occasion de tisser de nombreux liens d'amitié indéfectibles !

Peut-on puiser dans certains souvenirs artistiques particulièrement émouvants pour vous ?
Peut-être la première lecture de 31 en 2016, les représentations d'Un violon sur le toit... Plus près de nous, Come From Away présenté au Festival Bruxellons! en 2024.

La saison qui s'annonce sera apparemment riche en événements : vous nous le confirmez ?
Dolores, le spectacle (co-écrit avec Yann Guillon) qui allie théâtre et danse vient de démarrer au La Bruyère. Cette histoire – authentique – raconte le destin exceptionnel d’un danseur de flamenco, dont le duo avec sa sœur fut célèbre dans les années 30. Cependant, le destin de celle-ci sera hélas tragiquement rattrapé par la montée du nazisme. Sa soif de vengeance sera implacable, puisqu’il parvint, avec l’aide d’un officier allemand hostile à cette idéologie, à supprimer plusieurs militaires nazis.
Rebecca (présenté cet été à Bruxelles) fera place en 2026 à la création en français de Kinky Boots. Deux événements se dérouleront en février prochain : une pièce de théâtre de Wendy Beckett : Seuls mes cheveux sont gris au Théâtre Libre, ainsi que la création de Monte-Cristo, le spectacle musical (chansons de Benoît Poher et Franklin Ferrand) aux Folies Bergère, dont j’ai co-écrit le livret avec Yann Guillon, et qui sera mis en scène par Alexandre Faitrouni. Sans oublier la tournée nationale de Company qui s'étendra sur deux saisons.

Et certainement des projets en tête ?
Toujours ! Justement une grande fresque historique, qui porterait sur une illustre figure de l'histoire de France... mais il est encore trop tôt pour en parler.

Des souhaits pour le futur ?
Continuer ma route, avec toujours de belles aventures artistiques à faire vivre sous l’œil attentif et aimant d’un être cher : Alain, qui m'accompagne depuis maintenant trente ans !

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