Quel est le but de votre association ?
En quelques mots, il s’agit tout simplement d’ouvrir au plus grand nombre l’art lyrique, l’opéra, le spectacle musical. Montrer que la « grande musique », comme on dit, n’est pas réservée aux vieux, aux riches ou aux ringards, mais peut s’adresser au grand public, notamment aux jeunes.
Concrètement, nous avons trois piliers : proposer un nouveau spectacle chaque année dans une salle populaire, en l’occurrence le Zénith d’Orléans. Deuxième pilier : proposer des tarifs attractifs, à partir de 19 euros. Enfin, raconter l’histoire en français, de toute façon. Charge au metteur en scène de trouver le moyen d’y parvenir, sans surtitrage. Si les chansons restent en langue originale, le public doit comprendre le récit, même s’il ne comprend pas l’anglais, l’italien, l’allemand… Depuis notre création en 2013, nous avons ainsi proposé des œuvres telles que Carmen, La Flûte enchantée, Aida, My Fair Lady et, cette année, West Side Story… J’ajoute que nous nous adressons aussi à ceux qui aiment l’opéra pensant détester la comédie musicale. Il y a beaucoup de points identiques. Le style de musique est certes différent car l’époque est différente, mais finalement, ce sont souvent les mêmes histoires…
Le projet est également pédagogique…
C’est un point majeur ! Chaque année, 650 jeunes des lycées professionnels, des CFA, mais aussi des Segpa de la région Centre, réalisent les costumes, les décors, le maquillage et les coiffures des artistes. Lors des représentations, ils assurent également l’accueil du public, la communication, le catering… C’est un échange dont tout le monde sort gagnant. Nous offrons de la visibilité à ces établissements. Nous contribuons à montrer que ces apprentis sont de vrais professionnels qui ont de l’or dans les mains. Dans le même temps, nous permettons à tous ces jeunes de découvrir un spectacle de l’intérieur. L’opéra devient un carrefour entre l’artistique, le social, le pédagogique.
Quelle fierté de voir ces gamins se donner à fond ! Certains sont un peu handicapés, certains en échec scolaire, tous s’investissent avec passion.
Entre les techniciens, les artistes, les bénévoles, les élèves et les professeurs, ce sont près de 1 200 personnes qui travaillent sur le projet chaque année, et pour environ 14 000 spectateurs.
Qui a choisi West Side Story et pourquoi ?
C’est moi… Je suis né avec ! Le blues du premier acte, le rumble, m’accompagnent depuis tout petit. Pour moi, West Side Story est un opéra. Cette œuvre en a tous les codes, mais avec l’esthétique de 1950. Nous avons pris la décision il y a trois ans, avant la crise du Covid. Sans tenir compte de tous ceux qui me disaient : il ne faut pas le faire, c’est trop cher ! Qu’importe ! Les habitués de la Fabrique sont impatients, et nous avons un nouveau public très curieux de découvrir cette œuvre.
Que pouvez-vous d’ores et déjà nous dire sur le spectacle ?
L’œuvre de Bernstein et Sondheim sera présentée dans sa version originale et intégrale. Nous avons confié les chorégraphies à Johan Nus. C‘est la première fois que je travaille avec lui et je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt. Il a accepté de nous accompagner malgré toutes les contraintes d’un tel projet. Son professionnalisme est à l’égal de son enthousiasme. Originaire du cinéma, Gaël Lépingle assure, lui, la mise en scène. Nous allons changer totalement la scénographie habituelle. Il n’y aura pas de scène, tout sera à plat. Cela donne un plateau gigantesque où il sera possible de sauter, de courir… Le décor sera une place de quartier des années cinquante, avec son terrain de basket, l’épicerie de Doc, grilles, et immeubles… un décor naturellement évolutif au fil du récit. Je précise que tout sera situé en extérieur, y compris la scène du bal, que nous transposons sur la place.
Concrètement, il y aura vingt artistes sur le plateau. Outre les rôles principaux, Marie Oppert (Maria), Julien Salvia (Tony), Emmanuelle N’zuzi (Anita), Bart Aerts (Riff), un ensemble de seize personnes interpréteront les Sharks et les Jets pour ce qui est un opéra chorégraphique. Parmi eux, Ezzahr, Grégory Garell, Ophélie De Cesare…
Le Chœur Opéra de la musique de Léonie, composé de chanteurs amateurs et semi-professionnels, sera aussi présent sur scène. Conduit par Corinne Barrère, ce chœur est partie prenante de la Fabrique Opéra depuis son lancement. Il lui apporte un vrai dynamisme tout en offrant un supplément artistique. Cet immense chœur de 90 voix soutiendra notamment les danseurs lorsqu’ils chantent en tutti, sur « Cool », « I Feel Pretty » ou « America »…
Enfin, en ce qui me concerne, je conduirai l’orchestre L’Inattendu, un orchestre symphonique de 45 musiciens. La musique de Bernstein est à la fois complexe et évidente pour cette œuvre magnifique. West Side Story est l’histoire d’amour ultime !