Véronique Vella : l’amour de la musique et des mots

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Interprète éclectique, de Molière à Novarina en passant par Brecht ou Rostand, la vice-doyenne de la Comédie-Française se tourne, depuis plusieurs saisons, vers le théâtre musical. Cette année, nous avons pu l'apprécier dans Art majeur au Studio-Théâtre et en récital pour un Lundi musical à l'Athénée en compagnie de Vincent Leterme, sans oublier la reprise à la salle Richelieu de L'Opéra de quat'sous créé au Festival d'Aix-en-Provence.

Quelles sont les raisons ou moti­va­tions qui vous ont con­duite à devenir comédienne ?
Je ne pense pas véri­ta­ble­ment avoir fait un choix de méti­er, je crois que la vie a choisi pour moi ! Orig­i­naire de Greno­ble, je suiv­ais depuis mon plus jeune âge la car­rière de comé­di­enne de ma mère. Je me suis vite sen­tie ras­surée et pro­tégée par le lieu même que pou­vait représen­ter un théâtre ; ce sen­ti­ment de sécu­rité m’a par ailleurs per­mis de ne jamais ressen­tir le trac avant de mon­ter en scène. Jouer vous oblige à vivre le moment présent, sans appréhen­sion de ce qui pour­rait arriv­er par la suite.

L’aven­ture sem­ble avoir démar­ré dès votre arrivée à Paris…
Exacte­ment, au tout début des années 80 avec mon bac­calau­réat en poche, la cap­i­tale s’est offerte à moi. Je pra­ti­quais la gui­tare et j’ai eu quelques expéri­ences dans le cabaret. Après une pre­mière année passée dans la Classe libre du cours Flo­rent, l’op­por­tu­nité d’un spec­ta­cle con­sacré à Vian et Prévert m’a con­duite à par­tir en tournée. Je n’ai de fait pas suivi la sec­onde année – avec la béné­dic­tion de mon pro­fesseur, qui m’a encour­agée à suiv­re ce pro­jet. La musique a, en fait, précédé le théâtre dans mon cursus !

Par­lez-nous de votre pre­mière expéri­ence théâtrale.
J’é­tais fig­u­rante au Français dans Esther lorsque le théâtre – fait rare – a eu l’idée d’or­gan­is­er des audi­tions ouvertes à tous. Cette oppor­tu­nité m’a per­mis d’être ain­si engagée comme pen­sion­naire dans la troupe. Peu de temps après, Mar­tine Cheval­li­er, qui tenait le rôle-titre dans Esther, fut souf­frante, et cela me don­na la chance de la rem­plac­er au pied levé. Ce con­cours de cir­con­stances a pré­cip­ité mon acces­sion au rang de sociétaire.

Pou­vez-vous évo­quer les ren­con­tres déter­mi­nantes que vous avez faites ?
Bien sûr : Françoise Seign­er, sans qui je ne serais pas ici aujour­d’hui. Je pense égale­ment à Antoine Vitez, à Daniel Mes­guich, à Valère Nova­ri­na et plus récem­ment à Julie Del­i­quet – dont le spec­ta­cle Fan­ny et Alexan­dre m’a beau­coup mar­quée. Plus récem­ment, Maëlle Poésy m’a offert le rôle de Blanche dans Sept min­utes, qui a aus­si représen­té une grande émo­tion théâ­trale pour moi. Mais je ne peux pas les citer toutes…

Revenons à la musique : occupe-t-elle une place impor­tante dans votre vie ?
Tout à fait. Chanter s’avère pour moi finale­ment plus facile que de jouer la comédie. J’ai énor­mé­ment appris avec Nicole Fal­lien qui a prodigué des cours de chant durant plus de 50 ans, notam­ment à la Comédie-Française. La Vie parisi­enne d’Of­fen­bach (avec Mes­guich aux com­man­des) m’a per­mis d’oc­cu­per deux emplois : Gabrielle et Pauline, selon les représen­ta­tions. Puis le rôle de Mrs Peachum dans deux pro­duc­tions dif­férentes de L’Opéra de quat’­sous (Lau­rent Pel­ly et Thomas Oster­meier) m’a comblée au plus haut point.

Par­lons un peu des « cabarets » qui obti­en­nent tou­jours un franc succès.
J’ai ini­tié dès 1992 des spec­ta­cles musi­caux, tels Paris-cabaret et Cabaret éro­tique (en 2008), et par­ticipé avec Serge Bag­das­sar­i­an à L’In­ter­lope (cabaret), qui ont ouvert la porte à des hom­mages à Boris Vian et Léo Fer­ré. Cette année encore, Art majeur fai­sait hon­neur à la chan­son française, que j’af­fec­tionne tout autant que la musique de Kurt Weill dans L’Opéra de quat’­sous.

Quels sont vos pro­jets pour la sai­son prochaine ?
Du théâtre, avec de belles repris­es (La Ceri­saie, Sans famille, Le Bour­geois gen­til­homme) et un spec­ta­cle avec Benoît Urbain : Poètes, vos papiers – hom­mage poé­tique et musi­cal à Baude­laire, Rim­baud et Genet.

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