Zazie dans le métro

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MC93 – 9, boulevard Lénine, 93000 Bobigny.
Du 20 au 23 mars 2024.
Renseignements et réservations sur le site de la MC93.

Qui ne con­naît pas Zazie, la célèbre ado­les­cente qui vient dans le Paris pop­u­laire et bouil­lon­nant des années 1960 pour voir le métro ? Et qui ne le ver­ra pas car il y a une grève. Zazie, et son iné­narrable famille, ses ren­con­tres plus sur­prenantes les unes que les autres, son franc-par­ler irrévérent et jouis­sif, sa lib­erté de parole et d’action qua­si sans lim­ites, qui devi­en­nent, dans la mise en scène de Zabou Bre­it­man, les fer­ments d’une comédie musi­cale endiablée.

Soix­ante ans après sa pub­li­ca­tion, cette fable philosophique est d’une moder­nité éton­nante dans sa dénon­ci­a­tion joyeuse et rad­i­cale des con­ven­tions sociales et famil­iales. C’est un brûlot qui cache sous le masque de la fan­taisie une réflex­ion pro­fonde sur la con­struc­tion sou­vent dif­fi­cile d’une iden­tité. Hors des idéaux et des valeurs moral­isatri­ces d’une société bour­geoise qui ne sait plus très bien où elle en est, Zabou Bre­it­man, fidèle à l’impertinent Ray­mond Que­neau, revendique avec brio la lib­erté d’être soi-même.

Notre avis : Zabou Bre­it­man retrou­ve son com­plice de Poil de Carotte, Rein­hardt Wag­n­er, pour une adap­ta­tion musi­cale joyeuse et col­orée du roman de Ray­mond Que­neau paru en 1959. Ce suc­cès du romanci­er racon­te les aven­tures de Zazie que sa mère, désireuse d’aller « s’amuser » avec un amant, con­fie, le temps d’un week-end, à l’oncle Gabriel.

Zazie n’a qu’une envie : vis­iter le métro ! Mais hélas, le métro est en grève… C’est donc dans le taxi de Charles que Zazie va décou­vrir la cap­i­tale. C’est le début d’un week-end pen­dant lequel la jeune héroïne va ren­con­tr­er des per­son­nages tous plus extrav­a­gants les uns que les autres, qu’elle apos­tro­phe avec un ton par­fois irrévéren­cieux et tou­jours direct ! Les aven­tures parisi­ennes de Zazie sont autant d’expériences ini­ti­a­tiques que d’affirmations de sa personnalité.

Cette adap­ta­tion est un pur régal ! Par­fois cer­tains par­ents dans la salle ont peut-être regret­té d’avoir amené leurs enfants lorsque Zazie s’exclame « Napoléon, mon cul ! », « la politesse, mon cul ! » ou encore qu’elle veut être astro­naute pour aller « faire chi­er les mar­tiens » sur Mars…  Mais, comme le souligne Zabou Bre­it­man, les répar­ties de Zazie sont, sans doute grossières mais jamais vul­gaires. Il faut surtout soulign­er que ce spec­ta­cle est une ode à la tolérance, à l’affirmation de soi et « c’est vrai­ment un hymne à la lib­erté qu’on doit enten­dre dans notre monde où les injonc­tions à se définir, sans cesse aux yeux des autres, se mul­ti­plient ».

Dès l’ouverture, le dis­posi­tif scénique astu­cieux fait appa­raître les per­son­nages que nous crois­erons dans ce Paris pop­u­laire décrit par Que­neau. Tout au long du spec­ta­cle, la scéno­gra­phie de Zabou Bre­it­man ne sera que trou­vailles amu­santes qui met­tent en valeur l’adaptation intel­li­gente du mon­u­ment de la lit­téra­ture qu’est Zazie dans le métro. Les musiques de Rein­hardt Wag­n­er égaient le spec­ta­cle de styles dif­férents et offrent à chaque personnage/comédien(ne) son moment en faisant altern­er émo­tions et éclats de rire.

Quel bon­heur de suiv­re les aven­tures de Zazie qui n’ira jamais dans le métro mais qui vivra un week-end mou­ve­men­té en ren­con­trant la serveuse Mado P’tits Pieds, Charles le chauf­feur de taxi, Pédro-Sur­plus qui est peut-être Trous­cail­l­lon à moins qu’il ne  s’appelle en fait Bertin Poirée (?), Marce­line, la femme de Gabriel – qui à la fin devien­dra Mar­cel ! La scène finale dans le cabaret n’est pas sans rap­pel­er Victor/Victoria. Dans Zazie dans le métro, con­fu­sion des gen­res et affir­ma­tion de sa per­son­nal­ité font par­tie la fable.

La pétu­lante Alexan­dra Dat­man est une mag­nifique décou­verte dans le rôle de Zazie ; Franck Vin­cent est excep­tion­nel dans celui de Gabriel, à la fois drôle et émou­vant ; Cather­ine Aron­del est fort drôle dans le rôle de Jeanne mais déto­nante dans celui de la Veuve Mouaque, dont le numéro est très juste­ment bis­sé ! Gilles Vajou, Fab­rice Pil­let, Jean Fürst et Del­phine Gardin com­plè­tent une dis­tri­b­u­tion caméléon de très haut niveau.

Il ne faut pas oubli­er les six musi­ciens qui sont de véri­ta­bles com­plices sur scène.

Zazie dans le métro est une véri­ta­ble réus­site à décou­vrir ces prochaines semaines en tournée. On lui souhaite de trou­ver très vite un théâtre à Paris.

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