Le Théâtre de l’Odéon, sous l’égide de l’Opéra de Marseille, constitue le dernier lieu en France où une véritable saison d’opérette est proposée.
Pas moins de sept titres se trouvent à l’affiche en 2023/2024, parmi lesquels des œuvres phares d’Offenbach (La Grande-Duchesse de Gérolstein), de Lopez (Quatre jours à Paris, Méditerranée), d’Yvain (Chanson gitane), de Scotto (Un de la Canebière), sans oublier le spectacle d’ouverture, La Cage aux folles, comédie musicale de Jerry Herman qui fit un véritable tabac !
L’opérette représente un genre plus que respectable, qui malheureusement disparaît au fil des saisons lyriques des théâtres, constat assez navrant !
Paganini de Franz Lehár se trouve également à l’affiche, opérette peu représentée dans l’Hexagone depuis plusieurs années.
L’intrigue s’avère anecdotique, mais peut être véridique.
Nous assistons aux amours contrariées de la princesse Bacchiocchi (sœur de Napoléon Ier) avec le musicien Niccolò Paganini.
Comme souvent dans les opérettes, des événements malencontreux viendront contrarier le destin des amoureux. Mais point de happy end ici : nous sommes plus proches de l’opéra, avec cette œuvre qui se veut sombre. Nous sommes, pour rester dans le répertoire de Lehár, par ses accents dramatiques plus près du Pays du sourire que de La Veuve joyeuse.
Au demeurant, n’était-il pas ami et grand admirateur de Puccini?
Notre avis : La mise en scène de Carole Clin, débarrassée d’improbables décors surannés, mais rehaussée de belles lumières et de chatoyants costumes, met en valeur chaque personnage de l’intrigue. La délicieuse Perrine Madoeuf, virtuose soprano, nous séduit tant par son timbre – à la couleur sombre – que par son jeu et sa gestuelle quasiment impériale. Elle incarne l’interprète idéale pour tout le répertoire viennois ; nous l’avions à cet égard déjà fort appréciée dans Princesse Czardas et dans La Veuve joyeuse.
Paganini, joué et chanté par le ténor Samy Camps, remplit honnêtement son contrat. Nous saluons – une fois de plus – Julie Morgane qui davantage qu’une irrésistible fantaisiste se révèle , dans le rôle de Bella, une chanteuse juste ayant dans cet ouvrage de très jolis airs à défendre. Fabrice Todaro l’épaule avec autant de pertinence que d’humour, emportant comme toujours son fidèle public, conquis d’avance. Un plateau de talents confirmés complète la distribution choisie avec soin, parmi lesquels Jean-Claude Calon et Cécile Galois pour ne citer qu’eux. L’œuvre présente la singularité d’offrir de mélodieux solos de violons, qui enrichissent le spectacle. Orchestre, chœur et ballet sont à l’unisson pour nous offrir un bel après-midi d’évasion, toujours bien agréable à saisir.