Isabella Rossellini aime à se promener sur les chemins scientifiques du corps, de la nature, des animaux, des hommes et de l’infinie puissance de notre instinct. Dans Le Sourire de Darwin, elle décrypte tous les signaux universels que nous échangeons depuis notre naissance. Ainsi nous réalisons combien le sourire est naturel et ne s’enseigne pas, peut-être même que les animaux sourient entre eux…
Cette sorte de conférence devient petit à petit une grande leçon de théâtre, les acteurs ne manipulent-ils pas habilement tous ces codes ?
Notre avis : Quel délice que ce seule en scène offert à un public très vite conquis par l’élégance malicieuse d’Isabella Rossellini. En ouverture : plusieurs scènes extraites de films muets avec la même actrice qui joue, les émotions se répètent et, à chaque fois, Isabella joue en choisissant une interprétation différente. Tantôt l’actrice a des soucis gastriques, tantôt elle s’inquiète pour son chien perdu. Son but étant de montrer que les expressions humaines, ici surjouées – film muet oblige – ne sont pas si éloignées de celles des animaux, comme l’affirmait Darwin. Une vulgarisation liée à ses années d’université pour étudier l’éthologie, à laquelle le ralentissement de sa carrière d’actrice lui permit de s’adonner, sert de moteur à un spectacle qui fait aussi beaucoup appel à des souvenirs (comment Michael Curtis dirigea sa mère dans Casablanca, un grand moment !). Et à son travail de comédienne, qu’elle déroule avec grâce et un second degré irrésistible. N’oublions pas qu’elle fut à l’origine d’une série tordante, Green Porn, dans laquelle elle n’hésite pas à endosser les costumes d’animaux et d’insectes afin de parler de leur mode de reproduction. Et, musicalement, elle interprète un « Déshabillez-moi » tout à fait convaincant. Si vous souhaitez que l’actrice vous fasse une déclaration d’amour, rendez-vous au théâtre – cet amour que le public partage avec effusion avec elle.