Chanteuse, danseuse et comédienne, Liza, "fille de" Vincente Minnelli et Judy Garland, avec qui elle a entretenu une relation fusionnelle, a su imposer, derrière son prénom, son timbre et sa flamboyance, de Broadway à Hollywood. Portrait sensible de l’inoubliable Sally Bowles de Cabaret.
Notre avis : Si vous êtes en quête de documentaire « entertainant », je ne peux que vous recommander avec un enthousiasme non dissimulé ce portrait de Liza Minnelli écrit et réalisé par Lucie Cariès. Constitué uniquement d’archives épatantes, dont certaines particulièrement rares, le film se concentre sur la filiation entre Frances Gumm, plus connue sous le nom de scène Judy Garland, et sa fille, qui assuma crânement son nom de naissance – son père n’étant autre que le cinéaste Vincente Minnelli. Avec deux artistes aussi intenses pour parents, difficile pour la petite d’échapper à un destin tourné vers la scène et le cinéma. Difficile aussi de se faire une place : de se faire un prénom et un nom ! Et pourtant elle y parvient avec une bonne dose de talent, mais aussi un travail acharné. Le passage de relais, lors du mythique concert londonien de 1965, est scruté dans le documentaire avec finesse, montrant une inévitable rivalité entre ces deux bêtes de scène. Par ailleurs, la France n’est pas pour rien dans l'ascension de Liza : une rencontre avec Charles Aznavour a été déterminante. Avec malice, le documentaire vous fera découvrir l’un des nombreux conseils donnés par le chanteur à l’apprentie star. Cette dernière s’occupe de sa mère jusqu’à son décès prématuré. Son envol était déjà pris mais seule, elle ira sans doute plus loin que prévu, sa mère restant omniprésente, popularité oblige. Ainsi lors des interviews lui demandera-t-on souvent de se justifier, comme si elle n’était qu’héritière du talent maternel.
Bien entendu, la version cinématographique de Cabaret la propulse au firmament, qui sera assombri par diverses addictions. Ses prestations scéniques restent mémorables pour chaque spectateur. En outre, en femme libre, Liza affirme un féminisme qui avait bien du mal à s’imposer. En cinquante-deux minutes il est bien entendu impossible d’évoquer tous les méandres de la vie de cette artiste exceptionnelle. Ce documentaire, en marge de ses qualités, possède une vertu : celle de vous donner envie de découvrir ou redécouvrir cette femme qui a marqué son époque en réécoutant les enregistrements (les live sont souvent à tomber), de revoir les captations desdits spectacles. Car une chose est sûre : « Liza with a Z » n’a pas fini d’enchanter le monde, afin que, pour reprendre sa chanson favorite, il tourne peut-être enfin plus rond.