D’après Prosper Mérimée
Musique : Georges Bizet
Compagnie Clin d’Oeil
Carmen : Catherine Séon
Don José : Philippe Noncle
Toréador : Bardassar Ohanian
Accordéon : Philippe Bourlois
Lumière : Fabien Théry
Mise en scène : Jacques Gomez
L’opéra Carmen, opéra le plus joué au monde, exerce depuis sa création en 1875, une forme de fascination joyeuse et morbide. La bohémienne, inventée par Mérimée et magnifiée par Bizet, fait claquer son indépendance et sa liberté de pensée aux sons des sistres et des castagnettes sur toutes les scènes du monde ébahies. Les scènes de l’opéra seront ici réduites à la fleur du drame et ses trois personnages : Carmen, Don José et Toréador. Accompagnés par l’accordéon (instrument de l’intime mais à la puissance d’orgue) ils auront la nouvelle de Mérimée pour fil conducteur narratif.
Notre avis :
Avec La Passion Carmen, la Compagnie Clin d’Oeil propose une « variation sur l’opéra de Bizet ». Le spectacle ne consiste pas en une représentation habituelle de l’oeuvre tant par son format d’opéra de poche que par les différents niveaux de lecture proposés.
La Passion Carmen est donc jouée dans un format réduit. La scène intimiste du théâtre des Marronniers est réduite à sa plus simple expression, les murs de pierre n’étant ni dissimulés ni décorés. Ce cadre présente l’avantage d’être adapté aux différents changements de registre du spectacle, des remparts de Séville à ailleurs. Les tableaux alternent des scènes théâtrales pouvant évoquer plutôt une adaptation de la nouvelle de Mérimée et les scènes lyriques très attendues. Les trois comédiens et l’accordéoniste (également comédien lors de certaines séquences) prennent visiblement du plaisir à partager la scène. La mezzo-soprano Catherine Séon (Le Roi et Moi) connaît bien le rôle de Carmen. Elle démontre qu’elle le maîtrise à la fois en tant que comédienne et en tant que chanteuse. Catherine Séon, Philippe Noncle (Don José) et Bardassar Ohanian (toréador) font honneur aux classiques incontournables composés par Bizet. Leur puissance vocale gagnerait toutefois lors de certaines envolées à être atténuée afin de s’adapter à la taille modeste du théâtre des Marronniers (d’autres opéras ont fait ce choix avec bonheur). L’orchestration ? Cette adaptation de Carmen confirme grâce à Philippe Bourlois que l’accordéon se prête bien aux « versions de poche » de certains opéras.
A la mise en scène, Jacques Gomez fait naviguer La Passion Carmen entre des séquences présentant notamment Carmen, son contexte, son impact et d’autres tableaux consistant en une représentation condensée de l’œuvre en question. Les artistes jouent différents rôles, y compris extérieurs à l’histoire de Carmen. Plusieurs séquences sont instructives, notamment lorsqu’elles restituent le parfum de scandale que l’histoire de cette femme forte et libre avait pu générer en 1875. Il semble toutefois manquer une ou deux séquences complémentaires avant la fin de l’histoire afin d’avoir le sentiment que la boucle est complètement bouclée sur tous les registres. Ceci n’empêchera pas de passer une agréable soirée en Andalousie avec la compagnie Clin d’Oeil et de rester avec de grands airs en tête à l’issue de la représentation.