Frayne, vous faites partie de la distribution de la comédie musicale Mamma Mia, à Montréal. Parlez-nous de votre rôle…
J’incarne Harry, l’un des pères potentiels de Sophie. Colin Firth en était l’interprète dans la version cinématographique et c’est un rôle que je convoitais depuis très longtemps. En fait, depuis que j’ai été la doublure de Harry et de Bill dans la production de Toronto. J’ai joué Bill plusieurs fois mais je n’ai pas eu le plaisir de jouer Harry. C’est donc un rêve qui se réalise pour moi, grâce à Serge Postigo, le metteur en scène qui me donne ma chance.
En quoi ce rôle vous attire-t-il particulièrement ?
Il me ressemble énormément. Lors de mon audition, j’ai raconté un peu qui était Ma « Donna » dans ma vie personnelle, une femme dont j’ai été très amoureux et qui, étrangement, ressemble à l’héroïne du spectacle. Même après tant d’années, on se demande toujours où nous en serions aujourd’hui. Lorsque j’ai vu Mamma Mia pour la première fois, je ne connaissais pas le secret de Harry. En tant que spectateur, il m’a particulièrement ému. Dès de moment-là, j’ai vraiment voulu l’interpréter.
Justement, avez-vous eu une véritable liberté d’interprétation ?
Ce qui est très intéressant dans cette production, c’est qu’on la monte comme si c’était la toute première fois que Mamma Mia était jouée. Nous apportons notre jeu, notre personnalité, nos forces, nos caractéristiques individuelles au personnage. En fait, c’est comme si Harry était un rôle de composition. Pour moi, c’est une distribution de rêve. Nous ne sommes pas un copié-collé d’une production de Broadway ou de Toronto. C’est un exercice de découverte. Les décors sont eux aussi tout à fait différents des productions antérieures : l’écran en fond de scène est évolutif et donne une dimension très particulière. Bien sûr, certains des éléments “traditionnels” ont été conservés, notamment l’immense boule disco (modifiée) du final qui est spectaculaire. À mon avis, les décors de cette production sont plus actuels, plus au goût du jour.
Parlez-nous de Serge Postigo, le metteur en scène…
Serge Postigo est un metteur en scène qui nous met en valeur. Mon audition pour Mamma Mia a été ma meilleure expérience depuis le début de ma carrière et je suis dans le milieu depuis 1986. Je me suis senti vraiment respecté. Serge voyait Harry en moi et lorsque je lui ai confirmé que je m’identifiais énormément à ce personnage, les jeux étaient faits. Le plaisir immense que nous avons à travailler avec cet homme est indescriptible. Il est très généreux. Il respecte ses comédiens et comédiennes. Il considère comme un défi d’aller chercher nos idées et de les mélanger avec les siennes. Serge était sans aucun doute le meilleur choix pour cette mise en scène.
Vos origines anglophones ont fait de vous la personne parfaite pour interpréter un British…
Je m’étais rendu à Paris pour les auditions de la version parisienne de Mamma Mia. Mais étrangement, l’équipe n’était pas encore choisie ; même le metteur en scène n’était pas sélectionné. Alors mon audition s’est passée devant un groupe de Britanniques qui se sont sûrement demandé ce qu’un Canadien anglophone faisait là (rires). Je leur ai expliqué que je pouvais jouer aussi bien un British qu’un Australien ou un Américain qui pouvait parler français, grâce à mon bilinguisme. À Montréal, Serge y a vu immédiatement un atout. Il voulait absolument que son Harry soit très britannique, conservateur. Lors des répétitions, il me disait : “Tu peux en rajouter, inclure quelques mots anglais ici et là “. Il existe une vrai complicité avec ce type de metteur en scène qui laisse une totale liberté artistique.
Vous êtes maintenant propriétaire d’un théâtre à Gananoque (Ontario). Parlez-nous de cette acquisition ?
Au Royal Theatre Thousand Islands, nous avons l’intention de présenter un peu de tout. Il y a des productions qui viennent à nous et nous produisons aussi quelques spectacles. Nous espérons recevoir bientôt les subventions et produire des comédies musicales professionnelles. Pour le moment, c’est encore un rêve, mais un rêve accessible…