Qu’est-ce que cette pandémie a changé pour vous ?
Sur un plan professionnel, je crois ne pas me tromper en disant que l’industrie du théâtre musical et celui de la culture de manière générale sont les domaines qui ont le plus souffert de cette crise sanitaire. Une crise qui est toujours d’actualité. Les plus grosses productions, notamment anglo-saxonnes (dont j’ai la chance de faire partie), de Broadway à l’Angleterre, n’ont pas eu d’autres choix que de reporter à plusieurs reprises la réouverture des salles. Sur un plan personnel, il a fallu s’adapter pour garder intacts cette soif et cet éveil artistique. J’en ai également profité pour continuer à me former dans mon métier. C’est du temps que j’ai pu optimiser et mettre à profit, chose qu’il m’aurait été impossible de faire en temps normal.
Vous avez participé à une vidéo du titre « Circle of Life » extrait du Roi Lion. Racontez-nous la genèse de ce projet participatif…
Lorsque Disney m’a présenté le projet j’ai été immédiatement emballé. Rien qu’à l’écoute de la bande-son sans les voix, j’avais déjà la chair de poule de la tête aux pieds. L’idée de réunir pour la première fois en 22 ans de longévité du show dix-huit artistes internationaux appartenant à la troupe afin de propager ce message d’espoir et d’unité dans sept langues différentes, quoi de plus gratifiant, surtout en ce moment où nous en avons tellement besoin ? Techniquement Disney réalise une vraie prouesse en nous faisant tous enregistrer à distance, de chez nous, avec une direction musicale tout de même très précise. Nous savions exactement quelle partie chanter.… le résultat est bluffant. La première diffusion le 15 octobre 2020 dans l’émission Good Morning America aux États-Unis marquait l’anniversaire des previews du show à Broadway.
150 artistes de Chicago ont participé à une vidéo pour collecter des fonds, quel est votre regard sur ce projet ?
Quoi de plus logique que de se servir de notre art pour lui venir en aide actuellement ? De nombreux projets caritatifs ont vu le jour depuis le début de cette crise. Il est essentiel de garder ce contact, quand bien même il n’est plus possible de l’avoir physiquement.
De toute l’histoire du théâtre musical, une telle situation n’a jamais existé, et à l’heure actuelle nous n’avons aucune certitude quant à la réouverture des théâtres. Je resterai solidaire de tous les projets pouvant aider cette grande famille qui souffre en silence. La solidarité n’a pas de frontière.
Parlez-nous de vos expériences sur scène à Mogador dans Le Roi Lion et Chicago. Par ailleurs quels sont pour vous les points saillants de votre parcours, ceux qui vous ont le plus marqué ?
Le Roi Lion est une de mes plus belles histoires d’amour sur scène. En 2007 à Mogador, en donnant vie au personnage de Mufasa, je suis à mille lieues d’imaginer que ce spectacle allait tant m’apporter, artistiquement et humainement, me faire voyager, encore aujourd’hui en 2020. Je suis extrêmement reconnaissant de pouvoir toujours vivre de mon art. En 2018, Chicago m’a permis de prendre une autre dimension artistique. Être un comédien noir en France n’est pas simple. Et j’étais fier de pouvoir représenter cette diversité et de montrer que la couleur de peau n’est pas importante dans un rôle. Quant aux points les plus saillants de mon parcours, j’ai le sentiment de ne pas les avoir encore atteints… J’ai encore beaucoup de rêves et d’ambitions à l’international. Je suis toujours en quête d’objectif… comme Broadway !
Quels sont vos projets et comment envisagez-vous l’avenir ?
On pourra me retrouver très prochainement dans le rôle principal d’une web-série, où je porterai à nouveau un costume d’avocat, mais vous le verrez, celui-ci sera encore bien différent de Billy Flynn dans Chicago ! Se projeter sur scène est plus complexe. Bien évidemment toutes les dates de la tournée du Roi Lion au Royaume-Uni ont été reportées ; nous serons donc bientôt de retour sur les routes… je l’espère dès le mois de mars. Nous sommes extrêmement impatients de tous nous retrouver et surtout de retrouver le public et la scène.