Chicago, 1930 : défiant toutes les lois, Al Capone et Eliot Ness se livrent un combat sans merci jusqu’à que ce que l’imprévu surgisse…les contraignant à choisir entre amour et confrontation. Librement inspirée de la vie d’Al Capone, cette comédie musicale nous plonge au cœur de rivalités et de passions dans l’Amérique de la prohibition. Des rythmes endiablés du charleston à l’énergie du pop rock en passant par la puissance de l’opéra, Al Capone est un show musical qui bouscule les genres : chorégraphies et musiciens en live entourent Roberto Alagna, Anggun et Bruno Pelletier.
Notre avis : À bien des égards, les ingrédients pour passer une soirée divertissante ont été réunis. Dans le hall des Folies Bergère, nous pénétrons dans l’ambiance du Chicago de 1930 et dès l’ouverture du rideau, les costumes étincelants attirent l’œil et provoquent des murmures de satisfaction et des sourires sur les lèvres du public. Tout au long du spectacle, les décors se succéderont rapidement, faisant passer d’un lieu à un autre en un battement de cils, et les artistes principaux, qui ne sont plus à présenter tant leur carrière et leur notoriété sont connues de tous, s’investiront pleinement pour nous séduire.
Seulement voilà… même avec de la bonne volonté, il nous est impossible de ne pas relever les problèmes techniques de son (balances), ni déplorer une écriture sommaire qui a abouti à un récit creux et à l’eau de rose, déconnecté des enjeux réels de l’époque et dans lequel l’absence de charisme des personnages, pourtant emblématiques, est criante. Il ne faut pas plus de quinze minutes pour que le flou artistique que propose la composition des chansons – aux paroles d’un autre âge et peu imaginatives – perturbe notre adhésion à l’œuvre. Dans un style « qui bouscule les genres », la musique, qui se veut pop rock tout en louchant vers le charleston, ne se retrouve finalement ni dans l’un ni dans l’autre, s’avérant manquer cruellement de cohérence et d’homogénéité. Dommage quand on voit que le spectacle est presque entièrement chanté et contient peu de dialogues.
Les numéros, bien que trop nombreux et manquant de pertinence dans cette histoire de « Roméo et Juliette au temps de la prohibition », s’enchaînent sans finesse en offrant toutefois quelques beaux tableaux chorégraphiques et moments de poésie. Un trio féminin – semblable à des muses – se distingue par la touche de fraîcheur que les jeunes artistes apportent, et la qualité de leur prestation. Ainsi le mariage des voix d’Anggun et de Roberto Alagna, chaleureuses et veloutées, convainc. Le ténor livre par ailleurs avec Bruno Pelletier de grandes démonstrations vocales, très attendues et plutôt charmeuses, mais qui mériteraient sans nul doute d’être plus nuancées au bout de deux heures de show. En tout cas, elles ravissent visiblement les oreilles de nombreux spectateurs, qui se lèveront, enthousiasmés, au moment des saluts.
Il est certain que les artistes font de leur mieux pour insuffler de l’énergie au spectacle mais, à trop vouloir en mettre plein la vue, ses créateurs, en oubliant de soigner son livret, sa musique et ses paroles, ne nous ont pas convaincus.
L’acoustique est catastrophique, vraiment dommage pour une comédie musicale…