La Route vers l’Oregon par la Compagnie Un Peu Bleu, raconte l’histoire d’une famille américaine vivant en Illinois dans les années 1800.
Cette famille, composée d’un père, une mère, une fille, un fils et un grand-père, n’a rien d’anormal : des fermiers, relativement pauvres, rêvant d’opportunités en or. Et en parlant d’or… c’est bien ce qu’ils veulent aller chercher.
Un seul objectif en tête : se tirer de l’Illinois direction la Terre promise, l’Oregon.
Pour eux, la route de l’Oregon ne serait qu’une route droite et ennuyante. Mais, fort heureusement pour les spectateurs, elle n’est pas de tout repos. Entre des bœufs malades, des enlèvements, une charrette en piteux état et un roi-bandit à leurs trousses, la famille fera face à de nombreux obstacles.
La vraie question : arriveront-ils tous en Oregon sains et saufs ?
Notre avis : La Compagnie Un Peu Bleu fait ici le choix audacieux d’adapter le musical un peu obscur The Trail to Oregon! encore jamais monté en France. Parodie d’un jeu vidéo éducatif The Oregon Trail, ce musical a été créé par la compagnie américaine Starkid connue pour ses créations absurdes et piquantes inspirées de la pop culture. Dans un esprit toujours disruptif, la compagnie est aussi connue pour mettre en ligne gratuitement ses créations sur YouTube.
Un choix de connaisseur donc pour cette jeune compagnie, mais le challenge est de taille pour le public français de s’identifier à cette famille de fermiers américains du XIXe siècle. Pas simple de faire résonner à Paris ces références culturelles et cet épisode historique éloignés.
Jouant sur les codes du jeu vidéo et de la comédie musicale, les personnages ont conscience du public, et lancent parfois quelques réflexions qui brisent le quatrième mur pour notre plus grand plaisir. En effet, dans ce musical, la part belle est laissée au public. Non seulement c’est vous qui choisissez comment se nommeront les personnages sur scène pour la prochaine heure et demie, mais vous décidez aussi de leur destin. Même si le public peut être un peu timide, sa participation fonctionne : lorsqu’au milieu de la pièce, les personnages utilisent les prénoms ridicules choisis au préalable, le rire est automatiquement au rendez-vous.
Il était d’ailleurs agréable de voir comme les comédiens et comédiennes sur scène s’amusaient. La belle énergie qui en résultait était profitable à toute la salle. Attention cependant, il faut simplement être prévenu que cette pièce est teintée d’humour gras qui vire parfois au potache et qui demande aux spectateurs d’enclencher son mode troisième degré sous peine de rester totalement extérieur à ce qui se passe sur scène.
Les chansons sont pour la plupart très entraînantes, bien interprétées et mémorables, surtout « Speedrun », numéro durant lequel on profite de toute l’énergie de cette petite famille et de l’univers country que la partition propose ! On peut noter quelques maladresses de traduction sur d’autres morceaux, des choix de mise en scène qui se veulent drôles mais restent un peu crus et manquent légèrement de finesse, tel que le mime de certains accessoires et la présence d’autres sur scène. Néanmoins, la compagnie regorge de talent et d’idées, et même si nous pouvons nous interroger sur le choix audacieux de proposer ce type de spectacle à un public français, cela a le mérite d’amener une certaine diversité dans le paysage du théâtre musical à Paris. Nous attendrons donc avec impatience leur nouvelle création.
Si vous n’avez pas peur de sortir de votre zone de confort et que vous avez besoin de décompresser en rigolant, ce spectacle est pour vous !