La Tempête

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Théâtre de la Huchette – 23, rue de la Huchette, 75005 Paris.
À partir du 27 janvier 2023.
Renseignements et réservations sur le site du Théâtre de la Huchette.

Le dernier chef‑d’œuvre de Shake­speare dans une nou­velle ver­sion musicale.

Un grand spec­ta­cle épique et poé­tique, du jamais vu à la Huchette !

Pros­pero, duc de Milan, est trahi par son frère et exilé avec sa fille Miran­da sur une île déserte. Tirant de ses livres un pou­voir mag­ique, il réduit en esclavage le mon­strueux Cal­iban, et prend à son ser­vice Ariel, esprit du vent. Douze ans plus tard, alors que le navire de son frère passe à prox­im­ité, Pros­pero provoque une tem­pête pour le faire échouer sur l’île…

Une œuvre uni­verselle sur le chemin de la vengeance au pardon.

Notre avis : Avec sa quinz­ième mise en scène, Emmanuel Besnault pro­pose une ver­sion éton­nante de la dernière pièce écrite par Shake­speare, créant avec une belle inven­tiv­ité un pont entre le réel et la fantaisie.

En effet, sur cette île, nous trou­verons des humains mais égale­ment des divinités et d’autres créa­tures presque mythologiques, typ­iques de l’u­nivers shake­spearien. Mal­gré la sim­plic­ité des décors – un drap faisant office de vagues puis de sable, des pan­neaux de bois sur les côtés rap­pelant tan­tôt un bateau tan­tôt une cav­erne –, on est trans­porté dès les pre­mières min­utes au cœur de cette Tem­pête, de laque­lle découleront tous les enjeux de la pièce.

La magie opère. Une nappe musi­cale amenée avec per­ti­nence et pré­ci­sion guide le spec­ta­teur tout au long de l’œuvre, y com­pris dans cette his­toire d’amour touchante où les voix d’Ethan Oliel et de Mar­i­on Préïté s’ac­cor­dent avec beau­coup de poésie.

Out­re la sub­til­ité de la mise en scène, à la hau­teur de la pro­gram­ma­tion de la Huchette, le tal­ent des trois comé­di­ens n’a d’é­gal que leur pas­sion pour les mots de cet auteur de génie. Rarement avons-nous pu assis­ter à une si bril­lante incar­na­tion des per­son­nages. Jérôme Pradon offre un Pros­pero à la fois attachant avec sa fille et ter­ri­fi­ant lorsqu’il déchaîne sa colère sur ses enne­mis. De même, Ethan Oliel pro­pose une palette de douceur et de folie par­ti­c­ulière­ment bien dosée, et Mar­i­on Préïté enchante par sa justesse de jeu et sa voix divine en Ariel, l’e­sprit de l’air au ser­vice du Duc.

Rien n’est plus pas­sion­nant à voir que le mariage réus­si des arts au ser­vice d’une œuvre. L’u­til­i­sa­tion des masques pour cer­tains per­son­nages bur­lesques et divins mag­ni­fie le tal­ent des comé­di­ens et par­ticipe avec réus­site à l’im­mer­sion totale des spec­ta­teurs dans cet univers fantastique.

Cette façon ingénieuse d’abor­der le théâtre clas­sique et l’écri­t­ure sub­tile de Shake­speare rend cette pièce acces­si­ble à tout type de pub­lic. En un mot : bravo !

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