Pour les âmes sensibles : attention, quelques mini-spoilers se trouvent dans le texte.
Si vous débarquez dans cet immeuble new-yorkais, l’Arconia, sachez qu’il s’y passe des choses étranges. Des meurtres y sont régulièrement perpétrés et élucidés grâce à la perspicacité de trois habitants : Oliver Putnam (Martin Short), metteur en scène à Broadway, Charles-Haden Savage (Steve Martin), ancien comédien de télévision encore très égocentré, et Mabel Mora (Selena Gomez), décoratrice qui profite de l’absence de sa tante pour loger dans son somptueux appartement – qu’elle risque de devoir quitter – tout en s’angoissant face à la trentaine qui arrive. Trio atypique qui anime un podcast autour desdits meurtres, le voilà reparti pour une nouvelle aventure.
En effet, voilà qu’Oliver monte une pièce à Broadway, The Death Rattle (soit Le Hochet de la mort, ou Le Dernier Râle, comme on préfère !), et que, le soir de la première, sa vedette masculine trouve le moyen de mourir… deux fois. La première empoisonné sur la scène du théâtre, la seconde dans l’immeuble Arconia, ce qui permettra aux enquêteurs amateurs de faire leur travail. Précisons qu’ils ne résolvent jamais un crime s’il n’est pas commis dans leur immeuble.
Les galères s’enchaînent pour Oliver qui, malgré une faiblesse cardiaque avérée, trouve toujours le moyen de rebondir. Ainsi, c’est en ayant une vision largement inspirée d’un numéro du chef‑d’œuvre de Bob Fosse All That Jazz qu’il a l’illumination : ne pas renoncer à The Death Rattle, mais transformer cette intrigue policière en comédie musicale ! Mais il ne doit pas oublier qu’il doit poursuivre l’enquête afin de débusquer celui ou celle, sans nul doute parmi sa troupe, qui a tué Ben (interprété avec jubilation par Paul Rudd), pseudo-vedette insupportable de suffisance. Comme dans un Agatha Christie, tous sont suspects, avec des mobiles plus ou moins solides. Et comme si cela ne suffisait pas, chaque membre du trio doit gérer des histoires sentimentales qui impliquent lesdits suspects. L’enquête qui donne naissance au podcast se trouve supplantée par les scènes qui se déroulent en répétition – chez Oliver ou au théâtre – et la résolution du meurtre passe presque au second plan.
Cette série, initiée par Steve Martin et John Hoffman, ne se prend jamais au sérieux et l’humour s’immisce absolument partout. Les dialogues sont désopilants, sans parler des divers gags. Et pour cette troisième saison, une guest-star de choix en la personne de Meryl Streep, absolument parfaite en Loretta, actrice qui n’a jamais réussi à percer, en interprétant toutefois ça et là des cochons, et qui décroche enfin un rôle, celui de la nounou, dans Le Hochet de la mort. Impayable lorsqu’elle raconte comment elle a été pressentie pour jouer dans Little Shop of Horrors, qui, dans sa mémoire, s’intitulait initialement Eat Me Seymour… non… « Feed me Seymour », rectifie-t-elle. Ellen Greene lui a soufflé le rôle. Bernadette Peters en prend également pour son grade. Autant dire que cette saison est faite pour les musicals addicts, qui se régaleront de diverses chansons (Pasek & Paul sont au générique), dont une berceuse interprétée par miss Streep d’une manière éblouissante. Oliver explique également comment faire d’un numéro un « show stopper » (pas évident dans une intrigue incluant des hommes-crabes qui se reproduisent). Il est également question d’une comédie musicale peu connue : No Strings, que Loretta découvrit enfant et qui décida du choix de son futur métier.
Bien entendu l’intrigue n’est qu’un prétexte à de renversants rebondissements jusqu’au dénouement et au cliffhanger final qui laisse à penser qu’une quatrième saison devrait voir le jour. Elle ne sera sans doute pas musicale comme celle-ci, mais gageons que les auteurs sauront imaginer de quoi divertir de nouveau leur public.